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L’Urugay.

Les jurements des matelots se mêlaient au bruit de la vapeur et aux commandements des officiers : tout s’exécutait avec une régularité mathématique : vers onze heures, le chargement était complet. Pères, mères, frères, sœurs, amis, amies, se disaient adieu, les baisers étaient distribués, et les mains se cherchaient pour s’étreindre tendrement. La cloche retentit, tout le monde doit se trouver à bord : je serrai la main de mon ami et gagnai le pont du navire. L’hélice se met en mouvement, et bat avec force mais avec lenteur les eaux de l’Escaut.

Capitaine et officiers donnent leurs ordres, pour sortir sans encombre du fouillis de navires qui nous entourent : peu à peu le quai s’efface comme un panorama à effets de lumière, des mouchoirs sont agités en signe d’adieu, et le City of Brussels fend l’onde majestueusement.

C’était le premier novembre 1868.

Anvers disparut masqué par les coudes du fleuve ; la tour de sa célèbre cathédrale