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L’Urugay.

nos jeunes filles qui s’acheminent vers une salle de danse. Le bétail est réuni au rodeo, distant de l’habitation de quelques centaines de mètres seulement ; les cavaliers, le lazo attaché à la selle, d’un côté le couteau à la ceinture, de l’autre le revolver ou les pistolets, font la ronde en galopant autour du troupeau pour empêcher les récalcitrants de prendre la fuite. Les animaux sont pressés les uns contre les autres, leurs cornes qui s’entrechoquent avec un bruit sec, et leurs mugissements forment un concert émouvant ; ajoutez à cela, les cris des gardiens, les aboiements des chiens, le hennissement des chevaux, les trépignements de cette masse mouvante couverte par un nuage de poussière, et vous aurez une faible idée du tableau que j’essaie de présenter à vos yeux.

Le gaucho est fièrement cambré sur son cheval, il a choisi le meilleur de la tropilla, car le travail sera long et pénible. Il ne s’agit plus ici du veau timide, du poulain inoffensif, du doux mouton,