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L’Urugay.

tôt un veau est capturé, il dirige sa monture vers la sortie et entraîne le captif à sa suite, il est abattu, maintenu immobile, et la marque est appliquée. Les poils et la peau grillés crépitent en répandant une odeur nauséabonde, le lazo est retiré, l’animal est libre, et s’élance dans la plaine ou rentre rejoindre sa mère. L’opération est périlleuse, car souvent, aux cris de son rejeton, la vache accourt et cherche à défendre sa progéniture. J’ai assisté à un marquage où le veau, après avoir reçu l’empreinte brûlante, au lieu de rejoindre sa mère, prit la clef des champs ; j’étais au milieu de l’entrée, tout à coup se fit entendre le cri, cuidado, cuidado, la vaca ! je me retourne, et vois à quelques pas de moi la bête furieuse, tête baissée et prête à m’éventrer. D’un bond je m’élance de côté, et à l’aide des pieds et des mains, rendu plus agile par le danger, j’arrive au sommet du mur ; j’avais les extrémités tout ensanglantées, car j’étais nu pieds, mais content d’en être quitte à si bon marché.