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Aventures, Chasses et Mœurs.

m’envoie dans l’espace : je tombai debout, parado comme disent les gauchos qui, quand ils font une chute, ne doivent jamais tomber autrement : tomber parado est le sublime de l’art du cavalier américain, j’avais réussi sans le vouloir. Comme bayo était assez lancé, en me retournant, je le vis, roulant sur lui-même, et je n’eus que le temps de l’éviter, sans quoi il m’eut écrasé sous son corps.

Je fus moins heureux dans les circonstances suivantes : J’aidais à ramener les moutons, majada, dans le chiquero, vaste espace entouré d’un mur d’un mètre de hauteur où ils passent la nuit ; les alentours étaient couverts des excréments de ces animaux, de plus il avait plu dans la journée. En voulant faire faire volte-face à mon cheval, celui-ci glisse, se renverse sur le flanc, et ma jambe gauche est prise sous lui : il se relève et m’envoie quelques ruades qui auraient pu me coûter la vie, mais je ne fus pas atteint. Je ne pus rentrer à l’estancia qu’à l’aide