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Aventures, Chasses et Mœurs.

teau suffit. La broche piquée devant le foyer, légèrement inclinée, présente à la flamme une large tranche de bœuf ou une moitié de mouton, des gouttes de graisse avivent le feu, qui crépite ; bientôt le rôti prend cette teinte dorée si appétissante, une odeur engageante remplit le rancho ; la broche est enlevée et plantée au milieu de la salle : en cercle tout le monde prend place, femmes, hommes et enfants, le couteau à la main, chacun tranche à volonté. De la main gauche le gaucho saisit une partie du rôti, la coupe de la main droite, en porte l’extrémité à la bouche, et le grand art consiste, en plaçant la lame du couteau en dessous, de couper, en remontant, la bouchée aussi près des lèvres que possible ; manège dangereux pour lequel il faut avoir une grande habitude, car celui qui est propriétaire d’un long nez pourrait bien se le raccourcir de quelques centimètres, mais l’Américain manie aussi bien le couteau qu’un calligraphe la plume.

Quelquefois la ménagère prépare une