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L’Urugay.

rière et, vaincue, elle tend la gorge pour être immolée. La bête est morte et bientôt dépouillée, chacun saisit une patte, et l’opération marche à grands coups de couteau ; la peau est étalée à terre, les quartiers sont séparés avec une hache, le cou, la tête et les entrailles sont abandonnés aux chiens.

L’éleveur de bétail a des goûts qui inspirent de la répugnance à l’Européen. Comme les vaches vivent en liberté, et que l’estanciero a soin de ne pas abattre une bête qui vient de vêler, d’abord parce qu’elle est maigre, ensuite parce que sa mort entraînerait celle du veau, il s’attaque aux vaches grasses qui n’ont pas de rejeton. Mais, oh horreur ! la plupart de ces vaches sont pleines, et le fœtus de cinq ou six mois, tout nu, recouvert d’un enduit gluant, est le mets le plus recherché ! Les indiens probablement sont les premiers qui ont osé porter à leur bouche semblable nourriture. Ce fœtus porte un nom indien tapichi ; arraché du sein