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L’Urugay.

Pourtant l’Uruguay, avec son climat délicieux et ses campagnes vierges, pourrait produire tous les fruits et les céréales de l’Europe ; mais la paresse, la négligence, l’habitude peut-être, ne permettent pas à ses habitants de se livrer à la culture.

Ils dédaignent profondément notre façon de vivre, et à cet appui je citerai la réplique d’un estanciero aisé cependant, à qui on offrait de la salade : je ne suis pas une autruche, dit-il, je ne mange pas d’herbe ! De la viande, toujours de la viande, l’Américain ne connaît que la viande.

Mais aussi quelle viande délicieuse et succulente ! La vache vit en plein air, paît en liberté, choisit les herbages ; le pâturage est immense, elle mange quand elle veut et boit de même ; comment cette viande ne serait-elle pas supérieure à celle de nos bêtes à cornes, enfermées dans de sombres étables, mal soignées, et forcées de prendre la nourriture que le paysan parcimonieux lui octroie ! Jamais