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Aventures, Chasses et Mœurs.

cherche à désarçonner son cavalier ; je le caressais de la main en lui donnant quelques bonnes paroles : la plaine ressemblait à une mer. Enfin j’arrive au dernier cours d’eau qui me barrait le passage, je connaissais parfaitement le gué, paso, il n’était pas dangereux : mais oh terreur ! la rivière, prête à déborder, roulait des flots en furie ; l’onde écumante était effrayante. Je fais avancer bayo, il entre hardiment, mais, dès les premiers pas, l’eau lui arrive aux flancs, j’excite mon fidèle compagnon, qui se raidissant contre le courant, presque couvert par le liquide, parvient à mettre les pieds sur la berge opposée. Une exclamation s’échappe de ma poitrine, j’étais sauvé. L’estancia est en vue et méprisant la foudre je lâche les rênes à mon cheval, qui fait voler l’eau en gerbes sous son galop rapide.

La prairie en de certains endroits fourmillait de cavités où se cachaient tatous et iguanes. Serpiente, un pointer,