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L’Urugay.

d’une violence extrême, il s’annonce de loin en soulevant des nuages de poussière ; les bêtes à cornes mugissent et se massent pour mieux résister à la tempête, les moutons fuient contre le vent et parcourent parfois des distances considérables, les arbres sont déracinés et les ranchos renversés.

À peine avais-je quitté la Capilla d’un quart d’heure que l’orage éclatait avec fureur ; les éclairs sillonnaient les nues, le tonnerre grondait en imitant le bruit du canon, le vent soufflait avec rage, les décharges électriques se suivaient rapides, la pluie était torrentielle, on eût dit que d’immenses cataractes tombant du firmament cherchaient à submerger la terre. J’avais ralenti l’allure de ma monture, car je savais qu’il est dangereux de produire des courants d’air en temps d’orage. J’étais trempé, les tiges de mes bottes remplies d’eau débordaient, et bayo manifestait sa mauvaise humeur en voûtant le dos, premier mouvement du cheval qui