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L’Urugay.

lacer les jambes, s’enroulèrent autour des cornes de la pauvre bête qui faisait la culbute, mais se relevait de suite et ne tomba en notre pouvoir qu’après une longue poursuite.

En temps de guerre, les gauchos se servent des bolas contre leurs ennemis, et les hommes sont traqués comme des bêtes fauves. Malheur à celui qui n’a pas un bon cheval, les bolas l’atteignent, il tombe, et son antagoniste lui coupe la tête avec un barbare sang-froid. Il y a une vingtaine d’années, dans les interminables luttes intestines, le gaucho ne connaissait d’autres armes que la lance et les bolas, un vaillant coursier seul était pour lui une chance de salut. Les partis se poursuivaient à mort, et, quand les bolas avaient atteint leur but, le guerillero descendait de cheval, immolait son ennemi, lui coupait le nez et les oreilles et les suspendait aux brides de son cheval en signe de victoire ; d’autres allaient plus loin, ils décapitaient leur victime et attachaient la