Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
L’Urugay.

ailes et les étendaient à la façon des oiseaux de proie, sans doute pour se donner de l’air ; masqué par le mur du jardin, je m’approchai d’elles et leur adressai une balle de carabine. Le coup avait porté, mais un peu bas, et avait brisé le fémur à une de ces pauvres bêtes ; la malheureuse éclopée sautait sur une jambe pour suivre ses compagnes qui s’enfuyaient.

Julio et Victorio qui avaient entendu la détonation, accoururent et se mirent à la poursuite du ñandú ; l’autruche redoubla d’ardeur, et ce n’est qu’après une course qui mit mes élèves en nage, que Victorio, ayant trouvé sur son passage un tibia de bœuf, le lança à la tête de la fugitive et l’abattit. Nos deux chasseurs n’osaient s’en approcher : l’autruche avec la jambe valide lançait des ruades aussi redoutables que celles d’un jeune cheval. Victorio s’empara de nouveau de l’os et mit fin à cette petite scène dramatique.

On peut apprivoiser le ñandú. À cet effet on lui coupe le doigt du milieu à