Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
L’Urugay.

mon frère Alfred, étudiant en droit : de là je vais à Bettembourg, chez mon père, où je suis invité à une partie de chasse !… Comme je savais mentir ! Pauvre père, pauvre frère, eux aussi ont fait un voyage depuis, mais un voyage sans retour, un bien long voyage, un voyage dans l’éternité ! ô destinée humaine !!!

Fouette cocher ! J’adressai un regard d’adieu à mon petit balcon vert qui paraissait tout triste de mon départ. Arrivé en face de la rue Vinave-d’Île, mon sang s’échauffa, mon cœur battit avec anxiété, et mes regards troubles s’arrêtèrent sur un magasin de cigares, où je cherchai avec un empressement fiévreux, un visage connu. Ô fatalité ! le coin de la rue du Pont-d’Avroy, vint me masquer la vue, et je quitta Liège peut-être pour toujours, sans avoir dit adieu à ces yeux à demi voilés d’amour, à ces lèvres roses et entr’ouvertes, laissant voir une rangée de diamants plus purs que ceux du Mata-Grosso, à ce cou d’albâtre digne d’une