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Aventures, Chasses et Mœurs.

riture à deux mille bêtes à cornes, quatre mille moutons et cinq cents chevaux.

À cent cinquante mètres de l’estancia existait une source, manantial. Autour de cette fontaine naturelle, l’herbe était fraîche et tendre ; les autruches en faisaient leurs délices ; le matin de bonne heure, le soir, quelque fois en plein jour, des bandes de cinq, dix, quinze, voire même de trente autruches, venaient tondre les verts gramens. Armé de ma carabine, de la porte même de l’estancia, je leur envoyais des balles meurtrières ; tranquillement, j’attendais qu’un mâle se présentât bien, j’épargnais les femelles, et visant avec soin je manquais rarement mon but. Les plumes peu estimées, étaient pour mes élèves, qui en retiraient quelques duros pour leur cassette particulière. Un jour les autruches étaient nombreuses, je pris patience jusqu’à ce que deux se fussent placées de profil l’une derrière l’autre, je fis coup double, les deux victimes tombèrent perforées par la même balle ; et les enfants de crier, de gesticuler et de s’élancer vers leur proie.