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L’Urugay.

torio, le plus âgé, commença à lire, bien doucement sans doute, son frère le suivit. J’étais fier de mes élèves, n’oubliez pas que je professais en espagnol, langue qui après un séjour de six mois dans le pays, m’était devenue aussi familière que le français. J’eus de suite un nouvel écolier, Pablo, petit-fils de Pedro, et dont le père habitait les environs ; j’eus un surplus de vingt francs par mois, ce qui me faisait un traitement mensuel de cent francs ; j’étais donc à l’abri de la misère. Ce petit espiègle, enfant gâté d’une mère trop bonne, me donnait plus de mal que tous les autres ; aussi en a-t-il reçu de ces coups sur le bout des doigts, et de ces fessées avec une badine souple, et cela de par les ordres de l’auteur de ses jours !

Pour l’écriture les difficultés furent encore plus grandes ; tour à tour je prenais dans la mienne la main de chaque élève, lui montrais la manière de représenter un a, et, quand il connaissait son mode de fabrication, je lui en faisais faire