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L’Urugay.

de faire usage de mon arme, mais j’abaissai les canons, et le cœur saignant j’entrai dans la pulperia. Marica, comme toutes ses congénères, aimait l’eau-de-vie, et, quand elle pouvait s’en procurer, elle s’enivrait carrément. Alors, furieuse, les yeux hagards, pour la moindre observation, elle saisissait un couteau et menaçait son antagoniste : prise de boisson, elle fit un jour une blessure à Pedro. J… avait raison de la châtier, mais il aurait pu le faire d’une façon moins cruelle. Dès ce jour je lui gardai rancune et j’étais décidé de saisir la première occasion pour quitter la Capilla.

Marica à qui j’avais fait part de ma résolution, voulait à toute force m’accompagner ; si tu veux, me disait-elle, nous partirons la nuit, et nous gagnerons les frontières du Brésil ! Pauvre enfant, je la remerciai de son dévouement, lui avouant que je me trouvais sans ressources et lui fis cadeau d’un mouchoir en batiste avec mes initiales en grandes lettres. Quelque