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L’Urugay.

pilla. Le véhicule était comble, la charge était lourde, les bœufs avançaient tête baissée, pour mieux tirer ; et pour surcroît de malheur, au passage d’un gué, soit que Mosqueira eût mal pris ses précautions, soit que l’attelage n’eût pas bien obéi à sa voix, la charrette rencontra un bas-fonds et patatras, la voilà renversée ainsi que les bœufs. La rivière n’était pas profonde, et le courant peu rapide, sans cela une grande partie du maïs eût été perdue. Je mets pied à terre, entre dans l’eau, et tant bien que mal, à l’aide de mes deux mains réunies, je rejette sur la berge les épis qui surnageaient. Mon compagnon délivre les deux bœufs de devant, les attelle à la partie opposée de la charrette qui se trouve dans l’eau, et, à l’aide de vigoureux coups d’aiguillon, la remet debout et la tire de ce passage difficile. Bientôt le maïs est sec, l’attelage mis en ordre, et tout en riant de notre mésaventure nous nous remettons en route.

J’abattis une jolie biche ; nous eûmes