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Aventures, Chasses et Mœurs.

dormis peu, j’avais froid, et mon estomac se révoltait contre un jeûne forcé ; car nous n’avions pas emporté de quoi nous restaurer. Le matin, à la pointe du jour, Mosqueira ronflait à effrayer une bête fauve, quand tout à coup parvint à mes oreilles le chant d’un coq : je secoue mon voisin, un second cri se fait entendre ; caramba, s’écria-t-il, estamos cerca de la chacra. À l’instant nous sommes debout, nos bœufs sont accouplés, et gaiement nous prenons la direction indiquée par le gallinacé. Bientôt nous apparaît une chaumière cachée par un pli de terrain : c’était l’habitation du chacrero. Pendant qu’on chargeait le maïs, notre hôte nous régalait de plusieurs mates : maigre pitance, nous eussions préféré un beefsteak et de taille. Mais au Rio de la Plata, comme en Europe, il est très impoli de demander à manger, c’est au maître de la maison à vous offrir. Notre hôte resta silencieux sur ce chapitre, il était d’ailleurs pauvre, et bon gré mal gré, tout en nous regardant d’un air significatif, nous reprîmes le chemin de la Ca-