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L’Urugay.

passage et un reliquat de cinq cent cinquante francs destinés à couvrir mes petites dépenses sur le vapeur, et les frais de débarquement à Montevideo. Je n’étais donc guère riche !

Les jours s’écoulaient ; le moment fatal approchait à pas rapides. Notez bien que j’opérais en secret, et que personne ne connaissait le jour de mon départ, sauf deux intimes. Le vendredi soir, ma malle était faite, tous mes petits colis étaient classés, j’étais prêt…

Je sortis commander une voiture pour le lendemain sept heures, et fus au café comme d’habitude ; pas un de mes amis ne remarqua le moindre changement dans ma physionomie, mais si mon faciès était tranquille, mon cœur était en révolution… Comme de juste, la conversation roula sur l’Amérique ; tous mes camarades étaient du nouveau monde, Péruviens, Venézueliens, Brésiliens, Montevidiens, Paraguayens ; le plus américain de tous, c’était moi, quoique du Grand-Duché de