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L’Urugay.

et avait perforé le cerveau, joli coup qui me valut le nom de ma victime. Les Américains appellent le chevreuil venado, et venado fut mon nom ; tout le monde ne me connaissait que sous le nom de venado ; à Montevideo même, lors de mon retour, le nom de venado était dans la bouche de tous mes amis. Nous attachâmes l’animal sur le derrière de ma selle, et je repris le chemin de la Capilla. À mon arrivée, Madame J… faillit me mettre à la porte, tellement mon gibier empestait, c’était un mâle, et l’époque du rut sans doute. Tio Luis, le nègre, ne fut pas si difficile : il en fit ses délices, et à toutes les sauces.

Bien souvent pendant les vacances, en compagnie de ma sœur Irma ou de mon frère Octave, nous parcourrions les prairies et les friches des environs de Bettembourg, à la recherche de champignons. Mon père nous avait enseigné à reconnaître les comestibles et les vénéneux ; et d’ordinaire nous rentrions avec un panier tout rempli de délicieux agarics. Maigres