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Aventures, Chasses et Mœurs.

lanière, maneador, est attaché à un piquet, à la main, ou même à un pied du gaucho qui, à la belle étoile, s’endort aussi insouciant qu’un bon bourgeois de nos contrées dans un lit bien douillet.

Un Béarnais, Jean-Marie G…, qui habitait à une douzaine de kilomètres de Farrucco, vint me dire qu’il y avait beaucoup de chevreuils dans les environs de sa demeure. Nous voilà en route ; je montais un petit cheval, petizo, très doux. G… ne tarda pas à me montrer en bas d’une colline, un mâle, la tête tendue, nous regardant avec curiosité. Nous mettons pied à terre, prenons nos montures par la bride, et marchons à côté d’elles ; c’est le meilleur moyen pour s’approcher du gibier, car un cheval qui ne porte pas de cavalier, n’est pas redouté. J’avais ma carabine, une centaine de mètres nous séparent, j’épaule, le coup part, et en même temps le chevreuil s’affaisse foudroyé ; comme il me présentait la face, la balle était entrée par la bouche