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Aventures, Chasses et Mœurs.

chose… il s’assied sur le cadavre, et le jeu reprend. Le gaucho presque toujours est estropié de la main droite ; j’en ai vus qui pouvaient à peine tenir leur couteau, tellement ils avaient reçu de blessures. Il existe des gauchos qui ont une réputation à cent lieues à la ronde, leur dextérité et leur coup d’œil sont connus ; ils en imposent aux autres, ils sont respectés, ce sont des tyrans.

Il y a quelque dizaines d’années, le gaucho était plus noble qu’aujourd’hui, la vie était plus facile, le bétail abondait, les chevaux étaient innombrables, le propriétaire n’en faisait pas grand cas ; le gaucho était maître des plaines immenses, il avait des idées chevaleresques, il ne tirait pas le couteau pour des futilités, il ne se battait que pour l’honneur. Apprenait-il, qu’à vingt, quarante, cent lieues même, il avait un rival, un jouteur aussi adroit que lui : vite en campagne, il galopait jour et nuit pour se mettre en présence de son semblable ; une provocation était échangée, et les voilà sur le