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Aventures, Chasses et Mœurs.

n’a-t-il pas son cheval, et ceux des autres ? Paresseux, dédaignant tout travail, altier, libre, indépendant, il ne raidit ses muscles que pour dompter un cheval sauvage, ou jeter le lazo à un taureau plus sauvage encore. Flâneur, ivrogne, il fréquente assidûment les pulperias, en quête d’une dupe ; chanter en s’accompagnant de la guitare, fumer et boire, mais gratis bien entendu, voilà son bonheur.

Irascible, fourbe et joueur, sous un poncho attaché sur quatre piquets, il joue au monte du matin au soir ; la nuit venue, lui et ses compagnons se mettent à l’abri du vent, achètent une mauvaise chandelle et continuent à jouer. Il joue d’abord son argent s’il en a, si la chance lui est défavorable, va pour le poncho, ensuite le chiripá, ensuite les calzoncillos, puis le chapeau, le mouchoir qu’il a toujours noué autour du cou, puis le harnachement, selle, bride, et enfin le cheval ferme la série des enjeux. Attention, compagnons, le gaucho est nu, il ne lui reste plus rien ! Mais je me trompe, il a encore son cou-