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L’Urugay.

nous galopions gaiement du côté de Rio de las Palmas ; les canards étaient nombreux en cet endroit, aussi nous promettions nous bonne chasse. J’avais pour coiffure un beret rouge, mon fameux beret rouge que tout Liège connaissait : assis au balcon du théâtre royal, à l’occasion d’une lutte entre abonnés et non abonnés, et tandis que les sifflets se faisaient entendre ; en signe d’applaudissement, je l’avais jeté à une jeune actrice qui me l’avait renvoyé avec un geste gracieux et un aimable sourire.

Arrivés à l’endroit propice, nous attachons nos montures, et glissons dans les herbes : j’étais en tête, Auguste me suivait à quelques pas. Appuyé sur les mains, je me lève pour mieux voir, quand une détonation m’assourdit, et mon beret roule par terre : Auguste trop pressé, ou aveuglé par la grande quantité de canards, avait manqué de me tuer. Il tombe à genoux, et les larmes aux yeux, il implore le pardon que tout ému je lui accorde, mais