Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
114
L’Urugay.

d’une houe, je vais chercher mon facon, et nous allons déloger les marsupiaux. Le facon, arme favorite du gaucho, est un grand couteau à lame effilée, aussi long qu’une épée.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Tous trois nous nous dirigeons vers l’ombú, la pierre est enlevée, et Tio Luis commence le déménagement avec vigueur ; le vacarme devient de plus en plus distinct, encore un peu de patience, et nous allons atteindre notre proie. Halte ! un sarigue montre son museau, J… écarte le nègre, et, armé du facon, il s’apprête à transpercer la malheureuse bête ; une racine le gêne, il la saisit de la main gauche et plonge son épée dans le trou ; mais, dans sa précipitation, la lame glisse le long de la racine, et entame fortement la main de mon patron. L’animal aussi avait été atteint ; quelques coups de houe le mettent à découvert, c’était un mâle. Le nègre redouble d’ardeur, et successivement sont immolés la mère et quatre petits déjà de