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L’Urugay.

trouvait à la Capilla, et j’étais fier de lui montrer mes progrès.

Les distances sont indiquées : six cents mètres environ ; nous plaçons nos bêtes de front ; j’avais sellé ma monture avec précaution, j’avais fortement assujetti la sous-ventrière, et, pour imiter mon concurrent, j’étais nu-pieds, l’orteil passé dans les étriers, et attentif au signal du départ. Hop !!! et nous filons : Bayo, les oreilles couchées en arrière, la tête au vent, les naseaux ouverts, rivalisait de vitesse avec son adversaire ; nous étions côte à côte : penché sur les étriers, le corps en avant, j’excitais ma monture de la voix, et bayo s’allongeait ; une distance de cent mètres nous séparait du but, hai, hai ! je lui donne un vigoureux coup de cravache, il redouble d’ardeur, dépasse l’indien… et j’arrive vainqueur. J’eus toutes les peines à arrêter mon brave cheval ; il eût couru jusqu’au bout du monde, enfin un trot saccadé mit fin à son élan. Encore une victoire ! je comblai bayo de caresses.