Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
Aventures, Chasses et Mœurs.

avant, et aperçois mon carpincho à quinze pas devant moi, rongeant toujours ; je m’approche davantage et regarde de nouveau ; l’animal ne bougeait pas et me présentait le flanc gauche. Le nez en l’air il humait l’atmosphère, à petits coups ; mais j’avais bon vent et cinq pas seulement me séparaient de ma victime. Mon fusil était chargé avec du trois ; à genoux, j’épaulai, visai au défaut de l’épaule et fit feu ; une masse informe passa à côté de moi, me renversant à moitié et se dirigeant vers la rivière ; aussitôt debout je suivis la direction prise par l’amphibie, et le trouvai couché sans vie au pied d’un arbre. Je me mis à l’écorcher, opération très difficile, car la peau et la chair ne faisaient qu’un. Je fus chercher mon cheval, et essayai, mais en vain, de charger la dépouille d’un poids élevé, graisseuse et glissante. Bayo, quelque peu effrayé, ne tenait pas en place. Mais bientôt parvinrent à mes oreilles les appels de mon patron ; je lui répondis par un houboub de chasseur, et à nous deux, nous chargeâmes la peau sur le dos de