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LE JEUNE ACADÉMICIEN.
Comment ! à tes pareilles ?
MANON LESCAUT.
Et Marguerite Gauthier, et Diane de Lys, et la baronne d’Ange, et Jeannine, et la femme de Claude ? que sont-elles donc, s’il te plaît ? sinon des Manon Lescaut.
LE JEUNE ACADÉMICIEN.
Pardon, mais…
MANON LESCAUT.
Jusqu’à monsieur Alphonse qui n’est que la photographie du chevalier des Grieux.
LE JEUNE ACADÉMICIEN, gaîment.
Avec retouches !
MANON LESCAUT.
Tu ris ! mais c’est égal, ça n’est pas gentil, va !
LE JEUNE ACADÉMICIEN.
Tu es injuste ! Tu avoues toi-même que toi et tes pareilles il vous a glorifiées dans tous ses ouvrages.
MANON LESCAUT.
Oui, mais il nous éreinte dans ses préfaces.
LE JEUNE ACADÉMICIEN.
Vous le méritez si bien !
MANON LESCAUT.
C’est égal, si je le rencontre, je sais bien ce que je lui dirai.
LE PRINTEMPS.
Qu’est-ce que vous lui direz ?
MANON LESCAUT.
Ce que je lui dirai ?
Air : d’Orphée.
I
- Oui, maintenant, ton caractère s’irrite,
- De la moral’ tu te fais l’avocat ;
- En vieillissant, le diabl’ devient ermite,
- Ce n’est pas bien, et tu n’es qu’un ingrat !
- Pourquoi rechercher cette gloire
- De nous maltraiter tout le temps ?
- En te lisant, on pourrait croire
- Que tu n’as jamais eu vingt ans.
- Et pourtant, confesse-le donc,
- Tu la chantas, cette chanson :
- Cristi ! la p’tit’ femme a du bon !
II
- Si cependant, j’ te faisais une risette,
- Si je mirais mes deux yeux dans tes yeux,