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LA PERD.

Le Chœur. — Anselme fait des progrès effrayants. Dorothée pendant la valse se pressait d’une façon très-tendre contre lui. Stenn pourrait bien perdre la partie.


ACTE TROISIÈME.


Dorothée. — Une nouvelle lettre ! c’est la huitième que je reçois. La dernière était pleine de reproches et de menaces. Il m’écrit qu’un feu intérieur le consume, et que la vie lui semble un désert. Il finit par me rendre triste à mon tour, si triste que je suis bien obligée de chercher des distractions quelque part. Un mot de moi le consolerait ; mais si ses lubies allaient le reprendre !… Quelle différence avec Anselme ! celui-là ne vous aborde jamais que le sourire sur les lèvres ; s’il ouvre la bouche, c’est pour raconter quelque histoire amusante ; il ne songe qu’aux plaisirs des autres. Certainement, comme le disait hier mon père, il serait le meilleur des maris… Lisons la lettre de Stenn.


Chère Dorothée,

À l’heure où vous recevrez cette lettre, mon âme se sera envolée vers les régions du bonheur éternel. Vos dédains m’avaient blessé, la balle d’un pistolet m’a guéri. Je n’ai plus que quelques jours à vivre ; plaignez-moi, car je meurs sans vous voir !


Stenn. Grands dieux ! il s’est tué pour moi ! je le sens bien, c’est lui que j’aime. Survient Anselme.

Anselme. — Qu’avez-vous, mademoiselle Dorothée ? je vous trouve bien pâle.

Dorothée. — Moi, je n’ai rien ; mais vous, pourquoi ce bras en écharpe ?