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QUI QUITTE SA PLACE

ACTE DEUXIÈME.


Dorothée, seule. — Pauvre Stenn ! il passe sa journée dans les bois à gémir sur mes rigueurs. Sa lettre m’a vivement touchée. La voix du rossignol lui rappelle ma voix ; les fraises des bois n’ont pas, dit-il, un parfum plus doux que mon haleine ; et l’azur du lac sur les bords duquel il va rêver, est moins pur que mes yeux. Il m’aime bien, celui-là ; j’ai presque envie de lui écrire de revenir. Entre Anselme.

Anselme. — Ainsi que votre père me l’a permis, mademoiselle Dorothée, je viens vous chercher pour vous conduire à la fête.

Dorothée. — Déjà !

Anselme. — Craindriez-vous de vous ennuyer ?

Dorothée. — Non, partons. Ils partent.

Le Chœur. — La lettre de Stenn a eu beaucoup de succès. Nous avons vu des larmes tomber des yeux de Dorothée en la lisant. Anselme pourrait bien être enfoncé. Allons à la fête. Il sort.

Dorothée. — J’ai à peine la force de détacher les fleurs de mes cheveux, mes paupières se ferment presque malgré moi ; quelle fatigue ! Mais aussi comme je me suis amusée ! Anselme est charmant ; que de prévenances ! que d’attentions ! et puis comme il valse bien ! Il faut qu’il soit bien amoureux pour se montrer si dévoué. Comme il a bien répondu à cet officier qui soutenait m’avoir engagée ! La voix du rossignol !… la valse… le parfum des fraises… Stenn… Anselme… Je m’endors !