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LA PERD.

Stenn. — Merci de votre approbation. Je cours le mettre à exécution. (Il sort ; Anseltme entre.)

Anselme. — Cela ne peut durer davantage ; il faut absolument qu’avant huit jours je sache à quoi m’en tenir.

Le Chœur. — Eh ! parbleu, voilà l’étudiant Anselme.

Anselme. — Qui êtes-vous ?

Le Chœur. — Nous sommes le chœur antique ; notre emploi est…

Anselme. — De consoler, de raffermir le héros, et de lui donner d’excellents conseils ; mon professeur de rhétorique me l’a appris. Sachez donc, puisque vous m’offrez vos services, que je suis amoureux, à en perdre la rime, de mademoiselle Dorothée, la fille de Liebmann, le riche marchand. J’ai un rival qui se nomme Stenn. La friponne hésite entre nous deux ; j’ai découvert un moyen de forcer son choix.

Le Chœur. — Lequel ?

Anselme. — Je cultiverai la connaissance du vieux Liebmann ; une fois dans la maison, j’entourerai la fille de petits soins et de délicates attentions. On ne réussit que par la patience auprès des femmes. Je serai sans cesse auprès d’elle, elle s’habituera à moi, et je deviendrai son mari. Quel est votre avis là-dessus ?

Le Chœur. — Eh ! eh ! eh !

Anselme. — Je vous comprends parfaitement. Je cours me faire présenter chez le vieux Liebmann. (Il sort.)

Le Chœur. — Le projet de Stenn me paraît bon ; mais le moyen d’Anselme n’est pas mauvais. L’un s’adresse à l’imagination, l’autre à l’habitude ; lequel des deux triomphera ? Attendons ; les drôles commencent à devenir amusants.