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QUI QUITTE SA PLACE LA PERD.

Stenn ; les deux rivaux se sont jeté un coup d’œil foudroyant. Anselme cependant ne s’est pas arrêté devant Dorothée. Il reviendra tout-à-l’heure, gardons-nous d’en douter. N’effarouchons point Stenn et Dorothée. (Le chœur se met à l’écart.)

Stenn. — Bonjour, mademoiselle Dorothée.

Dorothée. — Bonjour, M. Stenn.

Stenn. — Comme ce bonjour est froid ! Je vois que vous ne m’aimez pas, mademoiselle Dorothée ; vous me préférez Anselme.

Dorothée. — M. Anselme est un bon garçon ; mais ce n’est pas à moi de décider si je le préfère. Je ferai ce que mon père ordonnera.

Stenn. — Jamais d’autre réponse. Quoi ! pas un mot d’amour ?

Dorothée. — Partez ! voici mon père. (Stenn sort ; survient Anselme.)

Anselme. — Bonjour, mademoiselle Dorothée.

Dorothée. — Bonjour, M. Anselme.

Anselme. — Votre père vient de sortir, et je profite du moment pour vous offrir ce sonnet, qui mieux que toutes mes paroles vous dépeindra les tourments que j’endure ; car je souffre pour vous, cruelle, et vous ne m’aimez pas. Sans doute vous me préférez Stenn ?

Dorothée. — M. Stenn est un bon garçon ; mais c’est mon père qui doit choisir entre vous deux. Le voici qui rentre ; fuyez.

Anselme. — Hélas ! hélas ! vous me désespérez. (Il sort.)

Le Chœur. — Stenn n’était pas content quand il a quitté