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SON CIERGE.

romantique ; Fi-Ki le connaissait de longue date ; il avait puissamment contribué à sa gloire ; c’était lui qui s’était placé à la tête de cette troupe de mineurs littéraires qui avaient fait sauter devant Nou-Fou les portes de l’académie. Pas un jour ne s’était écoulé depuis une dizaine d’années sans que Fi-Ki eût fait pour son chef de file un de ces articles d’éloges qu’en Chine on appelle réclames ; c’était bien le moins que Nou-Fou se montrât reconnaissant. FiKi l’aborda de la manière suivante.

— Comment se porte notre grand Nou-Fou ?

— Et le plus spirituel de nos critiques, répondit celui-ci, comment va-t-il ?

— Il est malade.

— Qu’a-t-il donc ?

— Une candidature à l’académie.

— Si jeune, et déjà vous songez à mourir !

— L’école moderne est menacée ; la tragédie relève la tête ; il faut payer de sa personne : voilà pourquoi je me présente. On m’a fait des propositions de la part de Nung-Po si je voulais passer aux classiques avec la Revue de Pékin.

— Qu’avez-vous répondu ?

— Que jamais je ne changerais de drapeau, et que mes amis sauraient bien me faire entrer à l’académie. Je veux rester fidèle aux idées et au drame modernes ; je mourrai sur la brèche du lyrisme dans l’art. Jugez si je pouvais consentir à voir la Revue de Pékin arborer sur sa bannière un autre nom que celui de notre grand, de notre gigantesque, de notre pyramidal, de notre formidable Nou-Fou ?

— Je n’attendais pas moins de vous, cher ami. À quand l’élection ?