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MIEUX VAUT MARCHER

La rose panachée, la petite prune yo-Iy,
Surnommée le ballon de soie brodée,


y formaient des berceaux et des guirlandes, des pelouses émaillées et des buissons odorants. On ne saurait décrire la magnificence de cette ravissante perspective. Les loriots, sautillant légèrement au sein des grands arbres, et becquetant çà et là les baies parfumées des fleurs, chantaient d’une voix flexible et harmonieuse.

Les amis du Hoa-Tchy ressemblaient aux Sept Sages de la Forêt de Bambous. Ils étaient assis en demi-cercle sur un épais tapis, auprès d’un massif de pivoines épanouies, où l’on pouvait voir les cinq espèces les plus remarquables de cette fleur, qui est la reine des parterres : l’Étage d’or, le Papillon vert, la Richesse du melon d’eau, le Lion bleu scintillant, et l’Élégant génie doré. À côté de chacun d’eux était une assiette remplie de beaux fruits, et une cruche de sam-tsicou préparé avec le plus grand soin.

À l’aspect de M. Hou-Kong, tous se levèrent, et firent deux fois devant lui le ko-toou de cérémonie qu’on réserve aux plus grands personnages. On le contraignit, malgré sa résistance, à occuper la place d’honneur, marquée par des coussins de soie rouge ; puis, afin de lui témoigner leur admiration pour son talent, chacun des assistants récita tour à tour une des pièces de vers composées par lui. Le poëte souriait en s’inclinant à mesure qu’on lui rappelait ainsi les plus beaux ouvrages de sa jeunesse, et son cœur s’enflait de joie ; les fleurs lui semblaient les plus belles qu’il eût jamais vues, et dignes du paradis de l’Occident. Il estimait à la vérité que les oiseaux gazouillaient un peu trop fort, et gâtaient le plaisir de ceux qui écoutaient ses vers ;