Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
QUI SE COUCHE AVEC DES CHIENS

à la faveur de la nuit, les murs du parc, qu’il escalada en s’aidant des espaliers. En un quart d’heure, il arriva dans les faubourgs de Lisbonne, et se dirigea rapidement vers l’hôtellerie des Trois-Mages.

Le cheval qu’il avait prêté la veille au marquis de Torreal n’était pas rentré à l’écurie. Cette longue absence, jointe à la subite disparition de ses amis de fraîche date, ne laissa pas d’inquiéter le seigneur dom Bartholomeo. En se déshabillant, il s’aperçut que la bourse où reposaient les écus d’or, gagnés la nuit précédente chez la senhora Dorothea de Santa-Cruz, s’était envolée de sa poche. Cette découverte augmenta ses craintes, et l’héritier du seigneur Gamboa s’endormit l’esprit plein d’images lugubres.

Au petit jour, un domestique heurta à sa porte.

— Seigneur, lui dit-il, voici un billet qu’un inconnu m’a prié de vous remettre.

Dom Bartholomeo ouvrit la lettre, et lut ce qui suit :


« Je vous remercie, seigneur comte, de l’aimable secours que vous nous avez prêté. Sans votre aide, jamais nous n’aurions réussi à nous emparer du marquis de Belcazer, qui vient de nous payer une riche rançon. La senhora Dorothea de Santa-Cruz, qui porte aussi le nom de Saphira la Gitana, vous prie d’agréer ses plus gracieux compliments. Je désire que le ciel me ménage une occasion de renouveler connaissance avec vous, qui apprendriez en ma compagnie ce qu’on n’apprend pas à l’Université de Coïmbre. »

« Christoval Galiera, ex-marquis de Torreal. »


Dom Bartholomeo se dressa sur son séant.

— Christoval Galiera ! s’écria-t-il, le fameux voleur !