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DEMANDE POUR DEUX.

Un peu plus tard, M. de Suriac se rendit acquéreur d’une ferme en Beauce. Cette acquisition suivit de près la fondation d’un comité central pour les secours envoyés à de certains incendiés du Languedoc.

— Il est avec la philanthropie des accommodements, dit Georges tout bas.

— La belle affaire ! Ignorez-vous qu’une partie des fonds de M. de Suriac était placée sur les actions du chemin de fer d’Orléans ? Faut-il que lui seul ne profite pas d’une hausse ?

— Sans doute ; charité bien ordonnée commence par soi. M. de Plantade donna un furieux coup de canne contre un meuble, et sortit.

Un peu plus tard encore, après l’adoption par le ministère d’un système de réforme philanthropique applicable aux maisons de détention, et imaginé par M. de Suriac, on vit l’ingénieux réformateur acheter un hôtel dans la Chaussée-d’Antin. Pour le coup, M. de Plantade ne chercha point à dissimuler son étonnement.

— Je ne le savais engagé dans aucune spéculation, dit-il.

— Bah ! répondit Georges ; de l’aisance à la fortune le plus court chemin est la charité.

— Ne raillez pas, mon cher ; cet achat me surprend surtout dans les circonstances actuelles ; M. de Suriac se plaignait à moi dernièrement de n’avoir plus même un billet de cinq cents francs disponible pour les besoins du bureau de bienfaisance dont il est un des administrateurs. Je sais encore que tout son temps était pris par les conférences auxquelles a donné lieu son projet de réforme pour