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ZWINGLI — ZYGNEME

gnemcnt du Christ (34). Ce pouvoir temporel est fondé sur l’enseignement duChrist (35) . Tous leschrétiens doivent être soumis au pouvoir temporel (37). Pourvu que celui-ci n’ordonne rien de contraire à la loi divine (38). Si les chefs sont infidèles et abandonnent la règle du Christ, qu’on les destitue, au nom de Dieu (42). Qu’ils sortent d’ici, tous ceux qui ne veulent pas l’Ecriture pour juge suprême (67). » Aussi toutes les réformes furent-elles décidées en conseil, à la majorité des voix : et les colloques entre zwingliens et catholiques ressemblaient plutôt à des assemblées législatives délibérant sur des projets de loi, qu’à des conférences/entre théologiens. Ce qui mêla encore plus Zwingli aux affaires politiques, c’est qu’à défaut d’autre secrétaire rédacteur capable, le Conseil chargea le réformateur de rédiger tous les actes politiques, diplomatiques et militaires, et il devint ainsi le chef politique et militaire de Zurich. Il élabora, par exemple, trois projets de réorganisation de l’armée, pour la défense nationale, où se mêlent d’une manière étrange la religion et la stratégie. Il appréciait d’un coup d’œil clairvoyant la situation politique de Zurich, qui était menacé par les quatre cantons primitifs (Schwytz, Uri, Unterwalden, Lueerne)et par celui de Zug. Il s’agissait de les prévenir pour les surprendre. Il organisa donc la campagne de 1529, dont il dressa lui-même le plan, et marcha en tête, avec les chefs, la hallebarde au poing. Il eût réussi, sans l’intervention malencontreuse d’un homme bien intentionné, mais peu clairvoyant, le landamman Aebli de Claris, qui empêcha la bataille. C’est au sortir de cette campagne que Zwingli se rendit au colloque de Marbourg (V. l’art. Luther, t. XXII, p. 785). Il y réussit à arrêter avec le landgrave Philippe de liesse les bases d’une alliance. A son retour à Zurich, il écrivit au doge de Venise, qui réconduisit ; puis il entra en négociations avec l’ambassadeur de France, de Boisrigault, et avec le deuxième ambassadeur, le général Lambert Maigret, auxquels il envoya un projet de traité « pour briser lu puissance de l’empereur » ; si le roi de France l’acceptait, on le soumettrait encore à l’examen « des savants et des serviteurs de la parole de Dieu de la Confédération ». Il ne fut pas plus heureux. Son projet fait sourire aujourd’hui ; cependant il ne manquait pas de grandeur ; pour la première fois, peut-être, la Suisse y traite de puissance à puissance avec d’autres Etats, et n’est plus seulement une agglomération de petites provinces. L’intluence de Zwingli dans les conseils de Zurich et de plusieurs autres cantons fut prépondérante. Mais il resta toujours d’un désintéressement absolu. Il n’avait qu’un seul but, grandir sa patrie, et ainsi son patriotisme domina toute son oeuvre réformatrice. Il fit la guerre à tout ce qui lui semblait corrompre et abaisser son peuple, les abus de l’Eglise aussi bien que les enrôlements mercenaires. Ses premiers écrits réformateurs étaient dirigés contre le jeûne et le célibat des prêtres. En 1522, il publia : en avril, un traité, De la Liberté des aliments ; en juillet, une Prière et exhortation amicale en faveur du mariage des prêtres ; entre les deux, en mai, il écrivit uue Exhortation contre les enrôlements et les pensions.

Zwingli était, d’un autre côté, un humaniste, et son humanisme domina sa dogmatique aussi bien que son exégèse. Le point de départ de toute sa théologie est l’idée del’absoluité et de la toute-puissance de Dieu. Il en résulta, à la base de son système, la doctrine de la prédestination, qui, chez lui, est plus raide et encore plus absolue que chez Calvin, car il va jusqu’à faire de Dieu l’auteur du mal. Tous les péchés et tous les crimes sont l’œuvre de la Providence : Dei ordinatione fit ut hic parricida sit, alius adulter. Seulement ces crimes, qui, pour l’homme placé sous la loi, entraînent la juste condamnation du coupable, ne sauraient être imputés à Dieu à titre de faute morale, « puisque la volonté divine est absolument souveraine, placée en dehors et au dessus de la loi ; là où il n’y a point de loi, il n’y a point de transgression ». Tout homme étant prédestiné, soit au salut, soit à la condamnation, ce n’est plus la foi qui sauve, mais l’élection. Aussi Zwingli place-t-il dans le ciel, à côté de Moïse, des prophètes et des apôtres, du premier et du deuxième Adam, non seulement des païens comme Socrate, Aristide, Caton, les Scipions, etc., mais encore des personnages mythologiques, tels que Hercule et Thésée. Avec cette théorie, les moyens de grâce, les sacrements devenaient forcément des hors-d’o'uvre, de purs symboles. Aussi n’est-ce pas sans raison que Luther lui dit à Marbourg : « Vous avez un autre esprit que nous ». De quelque manière que l’on apprécie l’œuvre de Zwingli, on ne peut méconnaître qu’il a été un grand et noble caractère. Sans doute on lui a reproché les écarts de sa vie privée, comme prêtre ; mais il ne faut pas oublier que sa conduite était celle de la généralité des prêtres de son temps ; il vivait caute, non caste, ménageant au moins les apparences. En 1524, il se maria avec Anna Reinhard, la veuve deMeyer de Knonau. Il eut une belle vie de famille, de belles et fortes amitiés. Il fut un homme profondément sympathique, désintéressé, affable, plein de verve et d’esprit ; bon prédicateur, d’une grande érudition et un fidèle pasteur. La peste ayant éclaté à Zurich alors que Zwingli se trouvait, pour sa santé, aux bains de Pfeffers, il revint au milieu de son troupeau décimé, fut lui-même atteint du mal et pensa mourir. Mais une autre mort lui était réservée. Sa fin fut le digne couronnement de sa carrière. Ce qu’il avait prévu arriva. Les cantons protestants ayant décrété le blocus des cinq cantons catholiques, ceux-ci surprirent les Zurichois, non préparés et isolés. Zwingli reconnut aussitôt qu’il n’y avait aucun espoir de victoire. Il ne se mêla pas cette fois de la conduite des troupes, qu’il accompagna cependant au combat. On se rencontra àCappel. Aux 8.000 hommes des cinq cantons catholiques, Zurich n’en put opposer que 700. Zwingli se tenait au troisième rang, appuyé sur sa hallebarde. Il fut trois fois renversé, puis abattu pour ne plus se relever et achevé par un officier ennemi. L’un des vainqueurs, le vieux Dans Schumbrunn, anciennement chanoine à Zurich, voyant son corps inanimé, s’écria avec larmes : « Quelle qu’ait été ta foi, je sais que tu as été un loyal confédéré ; que Dieu te pardonne tes péchés». Zwingli a, en effet, puissamment contribué à grandir sa patrie. — Les (cuvre de Zwingli ont été publiées d’abord par son gendre : Opéra Zwingli, latine edid. Hud Jualter (1544, 4 vol. in-fol.). L’édition la plus complète est : Opéra omnia edid. Scinder et Schulthess (4829-42, 8 vol. gr. in-«). Un excellent choix en a été fait en allemand (L. LIsteri et S. Voegelin, Zwinglis Schriften im Auszuge ; Zurich, 1818,2 vol.). Ch.’PFENDKR.

Bibl. : Zwingli Vita a Myconio, dans VUsb quatuor Reform. — HoTTiNiiER, Zwingli undseine Zeit, tract, franc par A. Ilumbert ; Lausanne, 1811.— V. Chauffour-Kestner, Etude sur les réformateurs du xvi" siècle ; Paris 1853, 2 vol

— Noël, Essai sur le. caractère et la doctrine de Zwingli ; Genève, 1850. — C. Tournier, Zwingli sur la sainteCène ; Strasbourg, 1853. — La meilleure biographie et la plus scientifique est celle de Morikofer, Ulrich Zwingli. nach den urhundlichen Quellen ; Leipzig, 1807-69, 2 vol. — V. les histoires ecclésiastiques du xvi* siècle.

ZWOLLE. Ville des Pays-Bas, ch.-I. de la prov. d’Overysscl, sur la Zwarte-Water, qui se jette dans le Zuiderzée ; 30.848 hab. (en 1900). Fabrique de matériel de chemins de fer ; fonderies, scieries ; fabriques d’huile, de produits chimiques ; distilleries. Gymnase, école bourgeoise supérieure, école industrielle. L’église ogivale de Saint-Michel est du xv e siècle ; les orgues sont remarquables ; l’hôtel de ville contient une superbe salle gothique ; les Halles datent de la Renaissance. Zwolle est le lieu de naissance du grand peintre Gérard Ter Borch (1(317-81) et de l’homme d’Etat J.-R. Thorbecke (1796-1872). Zwolle a été détruit par des incendies en 1224 et 1324, éprouvépar de graves inondations en 1775, 1784 et 1825, et a subi des sièges meurtriers en 1566, 1006, 1672 et 1813.

ZYGNEME (Bot.) (V. Zygnkmkes).