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SYNOVITE — SYNTAXE

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Si la gaine est assez superficielle, l’on peut percevoir une fluctuation manifeste, quelquefois même on peut constater que la gaine communique avec une articulation voisine. S’il existe à l’intérieur de la tumeur des grains rhiziformes, la palpation, en provoquant le passage du liquide d’une bosselure à l’autre, donne à la main une sensation spéciale de crépitation. La synovite fongueuse présente des caractères spéciaux. Le développement en est également chronique ; la tuméfaction occupe de même le trajet d’une gaine synoviale, le long de laquelle il existe alors une sorte de tumeur allongée, mobile à l’occasion des mouvements, assez dure au début, plus tard plus ou moins fluctuante. L’une et l’autre de ces synovites finissent à la longue par ulcérer la peau et les parties molles et par s’ouvrir au dehors. Leur pronostic général est le même que celui de toutes les tuberculoses locales, c.-à-d. grave pour l’avenir du malade ; si l’affection n’est pas traitée convenablement, il y a toujours lieu de craindre l’envahissement des parties voisines, et la production d’arthrites tuberculeuses. Le pronostic est beaucoup plus sévère dans les synovites longueuses que dans les autres. Ces synovites appellent deux ordres de traitement : le traitement général, vie au grand air, séjour à la mer, etc., et le traitement local consistant au début en révulsifs (ignipuncture), immobilisation et compression méthodique de la région atteinte. Le traitement sclérogène de Lannelongue peut aussi donner de bons résultats. Il est malheureusement nécessaire de recourir souvent à un traitement chirurgical plus actif, exigeant l’ouverture de la gaine et le curettage des parois, et même l’ablation totale de la gaine. Ce traitement a perdu toute sa gravité depuis l’emploi des procédés antiseptiques. Lorsque l’on ouvre les synovites à grains rhiziformes, l’on trouve à l’intérieur des grains mous et friables, blanchâtres, semblables àdu rizcuit. Les tumeurs des gaines synoviales sont ou solides ou liquides. Ces dernières seules méritent une mention à cause de leur fréquence, ce sont les kystes synoviaux ou ganglions que l’on rencontre si souvent au niveau du poignet, ou du cou-de-pied. Ils sont dus à la distension d’un petit diverticule synovial, qui a cessé de communiquer avec la cavité générale de la gaine. Il suffit souvent de les écraser pour les faire disparaître ; l’on peut aussi les vider par une ponction, ou même les enlever, en ayant soin alors d’employer des mesures d’antisepsie rigoureuses. D r M. Potel.

SYNTAXE. On distingue généralement, dans la grammaire d’une langue, trois parties : l’étude des sons, i’étude des formes, la syntaxe ; et l’on entend par syntaxe la manière dont les mots, une fois constitués, sont combinés pour exprimer les pensées. La première de ces parties a un domaine nettement circonscrit : mais il n’en est pas de même pour les deux autres, et il y a entre elles une sorte de terrain neutre sur lequel elles doivent nécessairement se confondre. La forme d’un mot peut, il est vrai, être considérée indépendamment de sa signification, bien qu’une étude de ce genre, purement extérieure, n’ait pas une grande portée ; mais il est souvent difficile de séparer la fonction d’une forme dans la phrase de la signification du mot employé : les formes verbales, par exemple, peuvent varier dans deux propositions de même nature suivant l’espèce d’action signifiée par le verbe. La syntaxe comprend donc, au moins en partie, l’étude de la signification des mots, de leurs espèces et de leurs formes. En outre, la combinaison des mots et de leurs formes pour l’expression des pensées ne peut pas être l’unique objet de la syntaxe ; la pensée revêt mille nuances diverses que celui qui parle doit pouvoir faire saisir, à l’aide des mots, à celui qui écoute, et l’expression de ces nuances, quoique due en principe à la forme des mots et à leur signification particulière, serait souvent impossible si les mots n’étaient pas susceptibles d’occuper différentes places dans la phrase, en d’autres termes si l’on ne pouvait, par une disposition ..ppropriée, modifier dans le détail l’expression d’une pensée dont le sens général est déjà obtenu par le choix des mots et de leurs formes. Ceci rentrait, pour les anciens, plus spécialement dans l’étude de la rhétorique ; on a créé, dans les temps modernes, le mot stylistique, terme peu précis et qui désigne très imparfaitement l’étude dont nous parlons ; on s’est servi également du mot construction, qui a l’inconvénient de signifier aussi bien l’ordre des mots que les règles de l’accord grammatical, et qui d’ailleurs est l’équivalent du mot syntaxe. On conçoit néanmoins que la syntaxe, puisque c’est le terme consacré par l’usage, doit avoir pour objet la manière dont les mots expriment la pensée, non seulement par leurs formes, mais aussi par leur disposition. La syntaxe d’une langue, pour être complète, devrait donc comprendre les parties suivantes : d° la théorie de la signification des mots, dans leurs formes et dans leurs espèces ; 2° la théorie de la disposition des mots et des propositions ; 3° la théorie de l’emploi des formes des mots. Mais on commence seulement à se faire une idée plus juste de ce que doit être la syntaxe ; jusqu’ici, à de rares exceptions près, on laissait de coté ce qui touche à la signification, on ne s’occupait que par occasion de la forme extérieure des propositions, par exemple lorsqu’il s’agissait des lormes négative et interrogative, et la syntaxe consistait presque exclusivement dans l’ensemble des régies destinées à faire connaître l’emploi des formes des mots. C’est à cette partie de la syntaxe que se rapporte ce qui suit (V. Ordre des mots, t. XXV, p. 504, et Sémantique). Les rapports qui unissent les mots entre eux, appelés rapports grammaticaux, sont au nombre de trois : d’énonciation, de qualification et de détermination (V. Proposition) ; et l’association des termes unis par l’un de ces rapports est l’objet de règles, différentes selon les langues, que l’on a réunies en deux groupes sous les titres généraux de syntaxe d’accord (ou de concordance) et syntaxe de réaime (ou de dépendance). La première traite de l’union du sujet avec l’attribut, du terme qualifié avec le qualificatif ; la seconde, de l’union du déterminant avec le terme déterminé ; et c’est par l’observance de ces règles que ’on exprime dans le discours l’union des mots établie dans la pensée. Mais cette subdivision, si elle répond par elle-même à quelque chose de précis, est encore insuffisante pour comprendre tous les faits qui sont du domaine de la syntaxe et dont elle doit donner l’explication ; dans ce cadre rentrent bien en effet tous les principes qui règlent les relations des mots entre eux, comme celles du verbe avec le sujet, du substantif avec l’adjectif, du verbe avec ses compléments ; mais il y a autre chose que l’expression des rapports grammaticaux, c.-à-d. que l’emploi des mots dans leurs relations mutuelles. Les formes employées dépendent encore de la signification que l’usage leur a attribuée, comme cela est, par exemple, pour les temps et les modes du verbe, et la syntaxe devait également constater cet usage. On a donc divisé la syntaxe, avec raison, suivant les diverses parties du discours généralement admises, sans se préoccuper des répétitions inévitables, et les ouvrages techniques traitent de la syntaxe du substantif, de la syntaxe du verbe, etc., de même qu’ils distinguent, dans ces divisions d’ensemble, la syntaxe particulière des cas, celle des modes, et ainsi de suite. II ne saurait entrer dans notre plan d’examiner dans le détail les règles de la syntaxe ; il y a à cet égard trop de diversité, même pour celles qui sont communes à un grand nombre de langues, et qui sembleraient à priori devoir être partout identiques. Pour ne donner qu’un seul exemple, en français (comme en grec et en latin), l’adjectif a généralement une forme différente suivant qu’il se rapporte à un substantif masculin ou féminin (ou neutre) ; en allemand, au contraire, cette forme n’est différente que dans le cas de l’adjectif épithète : elle est unique pour l’adjectif attribut ; et en anglais l’adjectif est dans tous les cas invariable. Ce sont les grammaires et l’usage qui enseignent la syntaxe. Il y a plusieurs ma-