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SYLLABE — SYLLABUS

cent de la syllabe, est la voyelle (ou l’élément vocalique), les autres les consonnes de la syllabe. On peut donc formuler les deux principes suivants : 1° la l’acuité de devenir voyelle dépend pour chaque son de sa résonance naturelle, de sorte que, dans le concours de plusieurs sons, celui-là fait fonction de voyelle qui a par lui-même la plus grande résonance ; 2° pour les consonnes, plus elles sont voisines de la voyelle, plus leur résonance naturelle doit être grande ; par suite, la série des consonnes qui peuvent précéder une voyelle se présentera dans l’ordre inverse de celle des consonnes qui peuvent la suivre (pla, alp, et non Ipa, api) ; ceci est important pour déterminer la séparation des syllabes. Abstraction faite des consonnes qui peuvent faire fonction de voyelles (Y. Liquide, Nasale), l’élément vocalique d’une syllabe est constitué par ce qu’on appelle les voyelles proprement dites ; et l’ordre dans lequel les consonnes s’unissent à la voyelle, en prenant celle-ci comme point de départ, semble être, suivant leur degré de résonnance, liquides, nasales, spirantes, explosives ; cet ordre sera donc inverse si les consonnes précèdent la voyelle. On remarquera qu’il n’est pas possible, théoriquement, de concevoir une syllabe dont la voyelle serait précédée ou suivie de deux explosives, comme pta ou apt ; la première consonne interrompt en effet le mouvement expiratoire, et cette solution de continuité nécessite une reprise de l’émission qui, en réalité, donne naissance à une nouvelle syllabe ; dans la pratique, néanmoins, ces sortes de groupes sont considérés comme des syllabes simples. La prononciation d’une syllabe est susceptible de diverses modifications relatives à son accent et à sa quantité (V. ces mots) ; nous noterons seulement ici que chacun des éléments constitutifs de la syllabe a une intensité particulière, mais que toujours l’intensité de la voyelle est la plus forte. Dans les mots composés de plusieurs syllabes, il n’est pas toujours facile de déterminer les limites de chacune d’elles ; chaque langue a pour cela ses principes et ses usages ; c’est ainsi qu’en grec, par exemple, on séparait l-^Opo ;, parce qu’aucune syllabe ne peut se terminer par une aspirée. En français, l’usage est de séparer entre deux consonnes consécutives, sauf dans le cas de muette et liquide, et de rattacher une consonne simple à la syllabe suivante ; il en est de même en anglais et en allemand après une voyelle longue ; au contraire, après une voyelle brève qui porte l’accent, ces langues ont plutôt tendance à rattacher la consonne suivante à cette voyelle. Cela se présente généralement après une consonne redoublée dans l’écriture, mais non géminée dans la prononciation, tandis que nos habitudes différentes nous portent le plus souvent à rattacher la consonne à la syllabe suivante, ou à la prononcer redoublée ; on prononcera, par exemple, kàm-er (Kammer, chambre), et nous, au contraire, kâ nier ou kam-mer. Pour l’expression des syllabes dans l’écriture, soit par des signes représentant exclusivement les éléments consonnes, soit par des signes représentant chacun une syllabe, soit enfin par des signes représentant chaque son articulé individuellement, V. Ecriture. Mondry Beaudolin.

IL Musique ancienne (V. Musique, t. XXIV. p. 607). Bibl. : Merkel, Pliysiologie der menschlichen Sprache ; Leipzig. 186(i. — Sievers, Grundzùqe der Phonelih : Leipzig, 1S81 •

SYLLABUS. En son Lexique (Totius latinitatis lexicon), Facciolati définit ainsi ce mot : « Index ou catalogue signalant sommairement différentes erreurs ». Il a été employé comme titre de l’index renfermant les principales erreurs de notre temps signalées dans les allocutions consistoriales, encycliques et autres lettres apostoliques de N. S. P. le pape Pie IX. Ce document fut adressé aux évêques du monde entier, avec l’encyclique Quanta cura, datée du 8 déc. 1864. La solennité de cette publication était motivée par le retentissement des débats d’une grande assemblée tenue à Matines. Les catholiques libéraux, qui formaient alors un parti fort remuant, y avaient soutenu bruyamment des opinions tendant à faire la part de la pensée moderne et des libertés inscrites ou admises, de notre temps, en la plupart des constitutions politiques, et à accommoder avec elles la doctrine de l’Eglise et ses prétentions sur le gouvernement des peuples. — Admettre ces modernités et souscrire aux accommodations qu’elles impliquent eût été renier la tradition de la cour de Rome, et porter une grave atteinte à l’infaillibité du Siège apostolique. En effet, les grands papes ont superbement enfreint les plus importants des principes recommandés par les libéraux. Grégoire XVI en avait formellement condamné un grand nombre, en 1832, dans la bulle Mirari vos ; et Pie IX n’avait négligé aucune occasion de renouveler, de confirmer et d’étendre ces condamnations. Il fallait les rappeler une fois pour toutes, pour adresser aux fidèles de bonne foi un avertissement immuable, et pour saisir et contraindre l’attention de ceux qui feignaient de ne point entendre et de ne point comprendre. Comme il s’agit de matières touchant à la foi, aux mœurs et aux maximes fondamentales du gouvernement de l’Eglise, les décisions résultant des énonciations répertoriées dans le Syllabus participent à l’infaillibilité que la constitution Pastor .Eternus a reconnue aux papes (18 juil. 1870). Tout catholique romain doit, non seulement rejeter comme erreurs coupables toutes les propositions signalées par le Syllabus, mais tenir pour vraies, en la forme inverse, toutes les propositions résultant de la condamnation de ces erreurs. Ainsi, lorsqu’il trouve au numéro 80, signalée comme erreur, cette proposition, qui est la dernière du Syllabus et qui en présente vraiment la conclusion : « Le pontife romain peut et doit se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne », il doit se dire : Le pontife romain ne peut pas et ne doit pas se réconcilier et transiger avec le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne. Nous avons pratiqué cette transcription dans toutes les citations faites ci-après.

Le Syllabus dénonce comme erreurs déjà signalées quatre-vingts propositions ou thèses, dont il renouvelle et confirme ainsi la condamnation. Nous ne citerons que les plus caractéristiques de ces décisions. La totalité est répartie en dix sections : I. Panthéisme, Naturalisme et nationalisme absolu... 5 : « La révélation divine est parfaite ; par conséquent, elle n’est point sujette à un progrès continu et indéfini, qui réponde au développement de la raison humaine ». — II. Rationalisme modéré... 13 : « La méthode et les principes d’après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie conviennent encore aux nécessités de notre temps et au progrès des sciences »... 14 : « On ne doit pas étudier la philosophie, sans tenir compte de la révélation surnaturelle. — 111. Indiffêrentisme, latitudinarisme... 15 : « Il n’est pas libre à chaque homme d’embrasser et de professer la religion qu’il s’est persuadé être la vraie, d’après la lumière de la raison ». — IV. Socialisme, Communisme, Sociétés secrètes. Sociétés bibliques. Sociétés clérico-libérales. .. « Ce sont des pestes frappées, à plusieurs reprises, de sentences formulées dans les termes les plus graves, par diverses encycliques et allocutions, rappelées par le Syllabus, jusqu’au 10 août 1863 ». — V. Erreurs relatives à l’Eglise et a ses droits... 19 : L’Eglise est une vraie et parfaite société pleinement libre ; elle jouit de ses droits propres et constants, que lui a conférés son divin fondateur. 11 n’appartient pas au pouvoir civil de définir quels sont les droits de l’Eglise et les limites dans lesquelles elle peut les exercer ». 20 : « La puissance ecclésiastique doit exercer son autorité sans la permission et l’assentiment du pouvoir civil ». 24 : « Elle a le droit d’employer la force ». 28 : « Il est permis aux évèques de publier les lettres apostoliques sans la permission du gouvernement ». 31 : « Le for ecclésiastique pour les procès des