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Sl’MATRA

se continue riveraine de l’Océan par les volcans actifs d’Abong (3.139 m.) et de Louseh (3.700 m.), le plateau de Toba, avec le lac de ce nom, entouré de solfatares, les anciens cratères Balanga et Maledja, le Seret Berapi, volcan de 1.788 in., et le majestueux mont Passaman ou Ophir ("2.9*27 m.) ; les hautes terres de Padang sont dominées par le Singalang (2.891 m.) et le Merapi (2.917 m.), volcan encore très actif, leTalang (2.543 m.) également ignivome. In peu au S. est le Korintji ou Indrapoura (3.760 m.), point culminant de l’île, au vaste cratère encore fumant, puis le Kaba (1.650 m.), actuellement le volcan le plus redouté de Sumatra, le Deinpo (3.167 m.) inoins actif, le Karang ; puis la chaîne se divise et va se terminer par trois presqu’îles, celles du cap Djina, du mont Semangka (2.262 m.) au bord delà baie de ce nom. et du Tangka (1.042 m.) ; enfin celle du Radja Bassa (1.341 m.), au terme de laquelle le détroit de la Sonde n’a que 20 kil. de large entre Sumatra et Java ; ce dernier volcan est sur l’alignement du fameux Krakaloa (V. ce mot). — La plaine orientale, accidentée de collines et de plateaux bas, offre une assez grande variété d’aspect, tantôt revêtue de la luxuriante végétation tropicale, tantôt aride et sèche, tantôt marécageuse ; les forêts la revêtent en grande partie, et, sur le littoral, des îles basses et marécageuses se forment à l’embouchure des fleuves. La côte est accore et coralliaire au N.-O. , rocheuse à l’E. et fouillée de petites criques mal abritées des moussons ; de nombreux écueils se rencontrent en avant du rivage, au large duquel est une rangée de grandes iles, situées sur la corniche du socle indonésien, au bord des abîmes océaniques, Simalou, les Banjak. Nias, Batou, Simerout, Pageh, etc. ; ensemble elles ont 14.982 kil. q. et 300.000 hab. Sur le rivage de Sumatra, on doit signaler : le bon port de Singkel, la baieTapanouli, les trois petits ports de Padang, la baie de Benkoulen, celles de Kroé et Benkounat ; au S. de l’île, les deux profonds golfes de Semangka et de Lampong (avec le port de Telok-Betong), délimités par trois caps : Djina, Tikous et Touva. Sur la cote orientale nous rencontrons, au S., l’Eerste Punt, promontoire le plus oriental, le détroit de Banka qui isole l’île de ce nom, la baie de l’Amphitrite en face de l’île Linga, à l’embouchure de l’Indraghiri ; puis, sur le détroit de Malacca, l’île plate de Bangkalis, les îlots Aroa, le cap et la baie de Langsar ; puis l’abrupte côte N.-E. dont les rocs plongent sur une mer profonde ; à l’extrémité septentrionale de l’île, s’ouvre la rade d’Atjeh, abritée par les Iles Vaï. La cote occidentale n’a pas place pour des cours d’eau de quelque importance ; ceux-ci descendent à l’E., serpentent dans la plaine alluviale que leurs dépôts augmentent sans cesse ; citons, du N. au S., le Simpang, le Bila, le Pane, le Bokan (280 kil.), le Siak navigable sur 120 kil., et le Kampar, qui débouchent dans l’archipel marécageux riverain du détroit de Malacca ; l’Indraghiri, qui forme le lac de Singkara, en sort sous le nom d’Ombilin et arrose un bassin carbonifère ; le Djambi, large de 100 m. et profond de 5 m. à 100 kil. de la mer ; le Mousi ou rivière de Palembang, long de 350 kil., finissant par un vaste delta inextricable de 300 kil. de front, en face de l’île de Banka.

Le climat est tropical, très pluvieux et orageux ("200 jours de pluie et 100 orages par an, en moyenne), la chute d’eau atteint 4 m ,73 à Padang et dépasse généralement 2 m. ; la température moyenne est de 26° à 27°, et ses variations ne sont fortes que dans la montagne ; l’action des moussons est prépondérante sur la cote 0. ; à l’E., elle est moins sensible et l’on distingue surtout l’alternance de la brise de mer et de la brise de terre. Le haut pays est relativement salubre pour les Européens.

Flore et Faune (V. Malaisie).

Ethnographie. — L’île de Sumatra renferme des Indonésiens et diverses races issues de leurs mélanges avec d’autres qui se sont rencontrées à ce carrefour extrême des roues terrestres et maritimes de l’Asie : Hindous et Tamoulsde l’Inde ; Chinois venus surtout du Kouang-toung, Boughis, Arabes, assez nombreux depuis le xm e siècle dans les régions d’Atjeh et de Palembang ; Javanais et Soundanais de Java dans les districts méridionaux. Le fonds est formé des Indonésiens proprement dits et des Malais qu’on y rattache (V. Race, t. XXVIII, pp. 21 et 26, et Linguistique). Bans le N. de l’île, le peuple indonésien est celui des Buttas qui peuplent les alentours du lac Toba et généralement les hauteurs entre 4° lat. N. et le volcan Merapi : de petite taille (l m ,61 en moyenne), sous-brachycéphale, à face ronde, nez droit, u>il droit et bien fendu, poils rares. On en rapproche les Alas au S. d’Atjeh, convertis à l’islamisme, les Gavon, voisins des Alas, et dans les vallées du X. du mont Ophir, les sauvages Orang-Oulou et Orang-Loubou, gités dans des huttes de branchages, au milieu des bois, armés de sarbacanes et de traits empoisonnés, réfractaires à la culture. Au S. de l’île, sur le Djambi et le Mousi supérieurs, vivent les Koubous, semblables aux Battas. Ils se sont métissés dans les basses vallées et près du mont Korintji avec les Javanais, formant le peuple des Passoumab que d’autres ont rapproché des Polynésiens.

— Les Malais, peut-être issus d’un croisement des races indonésienne et mongolique, semblent avoir pour premiers centres le milieu de Sumatra et le N.-O. de Bornéo. Dans notre île, leur berceau aurait été le royaume de Menangkabo, région haute du Padang, tout près des Battas ; sur ces hauteurs, les Malais sont petits (l m ,60), sous-brachycéphales, à face ronde, nez concave, yeux en amande, très prognathes, le cou tin et allongé. Sur le littoral, les Malais sont croisés de Javanais au S., d’Arabes au N., d’Hindous, de Chinois, de Tamouls, etc., un peu partout. Parmi les peuplades mixtes, les principales sont les Bedjang au S.-O. Malayo-Javanais ; les Atchinais ou gens d’Atjeh au N., Alas croisés de Malais, d’Hindous et d’Arabes ; les Palembang au S.-E., Javanais faiblement mélangés de Koubous et de Malais ; les Lampong au S., Indonésiens mêlés de Soundanais (Javanais primitifs). D’une manière générale, les différences ethniques ne sont pas très accusées entre les habitants de Sumatra, et elles tiennent surtout à l’influence plus ou moins forte de tel ou tel élément étranger : hindous d’abord, plus tard arabe, puis indo-javanais et enfin chinois et européen. Les Chinois sont environ 100.000, les trois quarts dans la résidence de l’E. ; les Hindous et Tamouls, 50.000 ; les Européens, 5.000. On estime le nombre des Indonésiens (Battas, Koubous, etc.) à 500.000, desLampongs et Palembangs.etc, à 600.000, des Atchinais à 350.000, des Malais à 1.500.000. La religion dominante est l’Islam, mais avec des pratiques païennes et hindoues ; les Battas sont païens ainsi que les Kassim de Palembang.

Géographie poutujue. — L’île de Sumatra est une colonie néerlandaise, mais avec des régions encore indépendantes de fait. Les divisions administratives sont : côte occidentale, 83.330 kil. q., 1.330.000 hab., comprenant les résidences de Tapanouli, Haut et Bas-Padang, les iles Banjak et Nias, Batou et Mentavei ; le ch.-l. est Padang ;

— résidence de Benkoulen, 24.440 kil. q., 160. 000 hab., l’île d’Engano en dépend ; — résidence de Lampong, 29.360 ki’l. q., 140.000 hab. ; — résidence de Palembang, 139.000 kil. q., 700.000 hab., avec le royaume vassal de Djambi ; — côte orientale, 91.900 kil. q., 340.000 hab. ; — résidence de Riouv (districts d’indraghiri et Konantan et iles Kiou-Linga), 42.400 kil. q., lOO.OOOhab. ; — gouvernement tï Atjeh (Mchm), 53.200 kil. q., 530.000 hab., comprenant trois sous-résidences et l’île Simalou. Les Battas indépendants sont évalués à plus de 400.000 sur 40.000 kil. q. partagés entre les gouvernements d’Atjeh et de la côte orientale. — Chacune des sept divisions administratives relève directement du gouvernement des Indes orientales. La principale force militaire est celle qui occupe Atjeh. Les principales villes sont : Atjeh (30.000 hab.), Padang (30.000 hab.), Benkoulen (15.000 hab.), Palembang (60.000 hab.). — Les