Page:Grande Encyclopédie XXX.djvu/700

Cette page n’a pas encore été corrigée

SUISSE

— 678 —

plusieurs centaines de ces pala/ittes. Les objets trouvés lors des recherches faites ont fait remonter ces habitations à l’âge de la pierre et à l’âge du bronze. On présume que les objets en fer trouvés dans certaines stations lacustres ont été importés plus tard par les Helvètes. Ceux-ci ont détruit ou chassé l’ancienne population que l’on croit avoir été d’origine asiatique. Les Helvètes, très guerriers, étaient d’origine celtique et venaient d’au delà du Rhin. Ils reçurent leurs premiers rudiments de civilisation des peuples méditerranéens, mais ils n’eurent jamais un bien grand développement. Au temps de César, on estimait lenr nombre à 300.000. répartis dans 12 villes et 400 villages. Leur possession de ce pays fut tranquille jusqu’au moment ou les Romains ayant soumis les Allobroges devinrent des voisins dangereux. Les Helvètes envoyèrent sous la conduite de Divicon une armée qui infligea au consul Cassius une sanglante défaite. Les Romains durent passer sous le joug. Cette bataille, qu’une tradition contestée place en Valais, sur le cours inférieur du Rhône, remonte à l’année 407 av. J.-C. Plusieurs peuplades helvètes, les Tugènes et les Ambrons, participèrent aux désastres infligés par Marius aux barbares. Cinquante ans plus tard, un chef des Helvètes, Orgétorix, leur persuada de quitter ce pays ; ils firent de longs préparatifs, et en 58 av. J.-C, après avoir brûlé leurs 12 villes et 400 villages, ils se mirent en route au nombre de 368.000, dont 92.000 combattants. Sur ce nombre, les Helvètes formaient la plus grosse part, 263.000 ; les autres étaient 36.000 Tulinges, riverains du Rhin, 14.000 Latobriges (id.), 32.000 Roies et 23.000 Rauraques (région de Raie). Rome envoya au-devant d’eux Jules César qui les arrêta au défilé de l’Ecluse : ils franchirent alors le Jura. César les suivit et les défit à Bibracte, près d’Autun. Il n’en resta que 11 0.000 qui firent leur soumission et furent renvoyés dans leur pays. Galba réduisit aussi les tribus du Valais à Octodurum (57 ans av. J.-C), et tout le pays — sauf la Rhétie soumise quarante ans plus tard — devint province romaine. Sous les Romains, la ville principale était Aventicum (Avenches) qui acquit un haut degré de prospérité, principalement sous Vespasien, dont le père y avait été percepteur général. Les autres villes importantes étaient Augusta Rauracorum (Augst), Basilia (Râle), Vitodurum (Winterthur ?), Viudonissa (WindiscM. Les grandes routes étaient celles de Besançon et Genève, de Vibiscum (Vevey) à Aventicum et Augusta Rauracorum, d’où une autre allait à Rrigantia (Bregenz).

La Suisse actuelle était divisée entre les provinces de Rhétie, comprenant les Grisons, et de Lugdunaise d’oti l’empereur Maximus Pupienus détacha en 238 celle de Maxima Seguanofufn, embrassant le reste de la Suisse. Moyen Age. — A la fin du iu e siècle, la Suisse actuelle fut envahie par les Alamans, peuplade germaine qui détruisit Aventicum (264) ; ils finirent par s’établir dans la partie orientale, tandis que vers 443 les Burgondes obtenaient des Romains la Savoie. Au iv e siècle s’organisent les églises ; la métropole catholique est Besançon, de qui relèvent les évéques d’Avenches, Augst, Nyon, Windisch. Mais les Alamans se répandaient sur les deux versants du Jura. Les Rurgondes (V. Rourgogne) furent bientôt absorbés par l’élément gallo-romain. Mais, dès 496, les Alamans, en 534 les Rurgondes avaient été subjugués par les Francs, lesquels, en 536, annexèrent aussi la Rhétie, enlevée aux Ostrogoths. C’est à Orbe que les fils de Lothaire se partagent son empire.

Sous les Francs, qui dominèrent les pays helvétiques trois siècles et demi, l’autorité fut souvent très divisée. Le christianisme, auquel les Rurgondes s’étaient convertis, avait fait de grands progrès. Des évèchés nouveaux se fondent à Constance et Coire. Des moines venus d’Ecosse et d’Irlande, Colomban, Sigbert, Gall, Mang, Othmar, contribuent beaucoup au développement intellectuel du pays. Les abbayes de Saint-Gall et de Saint-Maurice deviennent des centres de culture, et plusieurs localités, plus tard importantes, se groupent à l’ombre des monastères.

Après la déposition de Charles le Gros, l’empire franc se décompose. La Suisse actuelle voit ses destinées se séparer de nouveau. L’ouest appartient au nouveau royaume de la Bourgogne transjurane, proclamé à Saint-Maurice (Valais) avec Rodolphe comme roi (888). Il étend son royaume jusqu’à l’Argovie. L’est du pays est alors sous la domination deRurkhard, nommé duc d’Alamanie par l’empereur Conrad I er (V. Souabe). Rodolphe et Burkhard entrèrent en lutte et se réconcilièrent quand le duc d’Alamanie eut donné en mariage à Rodolphe sa fille Berthe. La reine Berthe, la royale filandière qui fut l’épouse de deux rois et mourut vers 970 dans le cloitre de l’ordre de Cluny qu’elle avait fondé à Payerne, est la seule souveraine dont le peuple romand ait conservé la mémoire. L’histoire de la Suisse romande se confond à cette époque avec celle du royaume de Bourgogne (V. ce mot) dont la durée fut de 145 ans. A la mort de Rodolphe III, le royaume passa à l’empereur Henri IL son neveu (1032). L’empereur Henri III se fit couronner roi des Burgondes et assit sa domination sur l’Helvétie entière. Le pays fut profondément troublé pendant les luttes entre le parti sacerdotal et l’Empire et ne recouvra la prospérité que lorsque l’empereur eut laissé aux Zahringen, héritiers de Rodolphe de Rheinfelden, empereur couronné par le parti sacerdotal, la libre possession de ses biens dans l’Helvétie romaine. La domination des Z ;ehringen fut bienfaisante ; ils fondent beaucoup de monastères ; ils bâtissent plusieurs villes, entre autres Fribourg (1178) et Rerne (1191) et leur accordent de larges franchises, s’appuyant sur elles pour contenir la féodalité indocile de Souabe et de Rourgogne. Après la mort du dernier Z ;ehringen (1218) (V. Souabe), dont les fiefs firent retour à l’Empire, ce qui assura l’immédiateté à plusieurs princes et villes (Rerne, Soleure, Zurich), il y eut une lutte d’influence entre leurs héritiers les comtes de Kybourg, les Habsbourg, les évéques et abbés les plus puissants (Eeinsiedeln, Mûri, Saint-Gall), et les comtes de Gruyère, de Toggenbourg, de Neuchâtel et de Savoie. Pierre de Savoie et Rodolphe de Habsbourg sont les grands noms de cette époque troublée. Lorsque Rodolphe fut élu empereur en 1273, la situation fut meilleure. Son règne fut glorieux. En ce qui concerne la Suisse, l’empereur, par achats, conquêtes et héritages, arriva à posséder la plus grande partie de la Suisse allemande d’aujourd’hui. Sa mort, le 15 juil. 1291, allait coïncider avec la naissance delà Confédération.

Les origines de la Confédération. — Dans la Suisse romande, la maison de Savoie avait acquis un rôle prépondérant, annexant le Bas-Valais et le pays de Vaud ; dans la Suisse allemande, les Habsbourg essayaient de se ■constituer une principauté territoriale : landgraves d’Argovie. de Thurgovie, de Zurich, avoués de beaucoup de monastères, possesseurs de nombreuses seigneuries, ils prenaient le dessus sur les autres ; mais ils rencontrèrent un obstacle imprévu dans les communautés de montagnards. L’empereur Frédéric II, tenant à s’assurer le passage ouvert au début du xm e siècle par le col du Saint-Gothard entre ses domaines de Souabe et l’Italie, s’occupa de placer sous sa dépendance directe les paysans des cantons forestiers des hautes Alpes, qui occupaient cette route ; en 1231, son fils Henri racheta Uri aux Habsbourg. Le pays d’L'ri dépendait directement de l’abbesse du Frauenmunster de Zurich. Les avoués de l’abbesse venaient deux fois l’an tenir leurs assises sous le tilleul d’Altorf. Tous les hommes libres de la vallée y assistaient et formaient une communauté, Landsgemeinde. L’empereur leur donna pour juge et landammann un homme du pays : telle est l’origine de l’indépendance d’Lri. En 1240, l’empereur accorda à Schwyz des lettres de franchise ; les Habsbourg, ayant contesté ces libertés, virent se soulever contre eux les gens d’Unterwalden,