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SIMON

voqué le lendemain et privé, par suite, de sa conférence de l’Ecole normale. J. Simon se retira d’abord à Nantes oii il employa ses loisirs à des recherches historiques. Puis, comme opposition à l’Empire, il publia le Devoir (1854) qui eut un retentissement énorme. Bientôt suivirent : la Religion naturelle (1856) ; la Liberté (4857), puis toute une série de conférences éloquentes et fougueuses sur des questions de socialisme ou de philosophie. Simon menait aussi le bon combat sur le terrain politique. Après avoir échoué en 1857 dans le VIII e arrondissement de la Seine, il était élu membre du Corps législatif le 1 er juin 1 8 LïH . Son éloquence merveilleuse lui eut bientôt conquis une grande autorité dans un milieu pourtant réfractaire à ses idées. Ses discours sur les intérêts de la femme dans les classes laborieuses, sur la liberté des cultes, sur la question romaine le firent connaître dans toute la France. En 1863, il entrait à l’Académie des sciences morales et politiques et, en 4869, il était réélu dans la Seine et dans la Gironde. 11 opta pour ce dernier département, vota contre la guerre et au 4 sept, devint membre du gouvernement de la Défense nationale. Il avait dans ses attributions l’instruction publique, les cultes et les beaux-arts. Il y eut, comme on sait, après le siège de Paris, des tiraillements pénibles entre le Gouvernement et la Délégation de Bordeaux. Gambetta avait voulu exclure du droit d’éligibilité à l’Assemblée nationale tous les hommes de l’Empire. J. Simon fut chargé d’annuler ses décrets, considérés comme restrictifs du suffrage universel. Une assez vive altercation avec les membres de la délégation aboutit à la démission de Gambetta. J. Simon fut élu député de la Marne à l’Assemblée nationale. Thiers le choisit pour ministre de l’instruction publique (49 févr. 4871). J. Simon, qui savait être autoritaire sous des formes douces et aimables, mit de l’ordre dans l’Université et obligea à démissionner Francisque Bouiller et Octave Feuillet. Il déposa le projet d’enseignement primaire obligatoire et brusquement se retira (47 avr. 1873) à la suite d’un discours officiel où il attribuait à Thiers tout seul l’œuvre de la libération du territoire, discours qui souleva à l’Assemblée nationale d’assez vives polémiques. Leader de la gauche, il combattit alors avec énergie le Septennat, réclamant l’organisation prompte de la République et la dissolution de l’omnipotente Assemblée nationale. Le 46 déc. 4875, il fut élu sénateur inamovible et le même jour membre de l’Académie française. Le 43 déc. 4876, il prenait la présidence du conseil et le portefeuille de l’intérieur. Une phrase de son programme ministériel est devenue historique, celle où il se déclare « profondément conservateur et profondément républicain ». Dans la période difficile que le pays traversait alors, J. Simon représentait une politique de conciliation entre la droite et l’extrême gauche, très agitées par la question religieuse. Il ne put maintenir longtemps la balance égale entre les partis, et son ministère huit par l’aventure du 16 Mai. Le 45 mai, en effet, le maréchal de Mac-Mahon lui adressait la lettre fameuse où il disait : « L’attitude du chef du cabinet fait demander s’il a conservé sur la Chambre l’influence nécessaire pour faire prévaloir ses vues », lettre qui amena la démission du ministère. J. Simon, au Sénat, continua à s’occuper surtout des questions d’enseignement et combattit l’art. 7 , les décrets sur les congrégations ; rapporta en 4883 le projet sur le droit [d’association, et se montra partisan de la liberté pour tous ; s’opposa à la réforme judiciaire, au divorce, au monopole universitaire, à l’expulsion des princes, etc. Après le boulangisme qu’il combattit non seulement au Sénat, mais dans un pamphlet très piquant, Souviens-toi du 2 Décembre, il demeura presque sans influence sur les événements politiques, mais, par contre, tout occupé de travaux littéraires et économiques et d’œuvres de bienfaisance. Sa dernière occupation officielle, d’un grand éclat d’ailleurs, fut sa représentation de la France à la conférence internationale de Berlin (questions ouvrières) de 1890. . !. Simon, orateur d’une éloquence incomparable, a été en politique comme en philosophie un libéral. Ses nombreux écrits ont eu une influence considérable sur le développement de la génération qui étudia sous l’Empire, et elle y [misa des éléments généreux. Depuis, on a demandé aux études économiques des bases plus solides et une observation plus précise, aux études philosophiques plus de profondeur ; J. Simon était trop orateur pour que ses écrits ne se ressentissent pas d’un certain vague d’idées voilé sous une forme charmante, car il fut toujours styliste clair, fin, spirituel, tantôt mordant, tantôt d’une séductrice douceur : et ses livres se liront toujours avec plaisir. Citons de lui : Histoire de l’école d’Alexandrie (Paris, 4844-45, 2 vol. in-8) ; la Mort de Sacrale (Paris, 4853, in-48) ; le Devoir (185i, in-12), nombreuses éditions ; la Religion naturelle (1856, in-8) ; la Liberté de conscience (4857, in-48) ; la Liberté (18.19, 2 vol. in-8) ; l’Ouvrière (1861, in-8) ; l’Ecole (4864, in-8) ; le Travail (4866, in-8) ; la Politique radicale (4868, in-8) ; la Peine de mort (Bordeaux, 4869, in-18) ; la Famille (Paris, 4869, in-48) ; le Libre Échange (4870, in-8) ; la Réforme de l’enseignement secondaire (4874, in-8) ; Souvenirs du 4 Septembre (4874, in-8) ; le Gouvernement de Thiers (4874, 2 vol. in-8) ; Dieu, Patrie, Liberté (1883, in-8) ; Une Académie sous le Directoire (4885, in-8) ; Thiers, Guizot, Rémusal (4883, in-8) ; Nos hommes d’Etat (4887, in-48) ; Victor Cousin (4887, in-48) ; Opinions et Discours (4888, in-8) ; Mémoires des autres (4889, in-18) ; Mignet, Michelet, Henri Martin (1889, in-8) ; Colas, Calasse et Colette (1894, in-8) ; Nouveaux Mémoires des autres (4894, in-48) ; la Femme du xx e siècle (1891, in-8) ; Notices et Portraits (Paris, 1853, in-8) ; Quatre portraits (1896, in-12), etc. ; sans compter de nombreux travaux qui tigurent dans les recueils de l’Académie des sciences morales et politiques et une collaboration active à la Presse (notamment au Siècle, dont J. Simon fut le directeur de 1875 à 1877, au Gaulois qu’il dirigea aussi de 1879 à 4881, au M atin, aux Débats, au Temps, au Figaro, etc. R. S. Bibl. : Léon Séuhé, Figures bretonnes. Jules Simon, sa vie, son temps, son œuvre ; Paris, 1898, in-8. — J. Picot, Notice historique sur la vie et les travaux de J. Simon ; Paris, 1897, in-8.

SIMON, dit Lockroy (V. Lockboy).

SIMON (Maurice), pseudonyme de Tony Révillon (V. ce nom).

SIMON de Brion (V. Martin IV, pape).

SIMON de Cologne, architecte espagnol, né à Burgos, mort à Burgos en 4542. Fils de Johann de Cologne, Simon termina en 4488 l’église de la Chartreuse de Miraflorès, commencée en 1454 par son père et continuée, après la mort de ce dernier, par Garcia Fernande/, de Matienzo. Cet architecte dessina probablement aussi la chapelle du Connétable dans la cathédrale de Burgos, la partie supérieure de la grande nef de cette église et aussi la chapelle de la Conception, ainsi que beaucoup d’autres édifices de cette ville inspirés du style gothique allemand des bords du Rhin. Il forma, de plus.de nombreux élèves, parmi lesquels son fils François, Alonso de Covarrubias (V. ce nom) et Diego de Siloe. En outre, Johann et Simon passent pour les auteurs des travaux exécutés de 1420 à 1515 dans la cathédrale de Barcelone. Ch. Lucas. SIMON de Montfobt, comte de Leicester (V. Monfori (Simon de]).

SIMON le Magicien ou le Mage. Les Actes des apôtres (vin, 9, suiv.) rapportent que le di. n rr Philippe rencontra à Samariele devin-sorcier de ce nom ; Simon, frappé des prodiges accomplis par les disciples de Jésus, demande et reçoit le baptême. Lors de la venue au même lieu des apôtres saint Pierre et saint Jean, il demande l’autorisation de conférer le saint Esprit, fût-ce en l’achetant à prix d’argent. De là le mot Simonie, c.-à-d. trafic des choses saintes. Celle proposition est rejetée avec indignation. Ouelques critiques ont prétendu révoquer en cloute l’existence de Simon, qui ne seraitqu’unie figure déformée