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SP0NT1NI - SPOROGONE

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vatoire protestèrent-ils longtemps contre les formes inusitées du style et contre ses incorrections prétendues. La noblesse, l’ampleur des mélodies, la puissance de l’accent dramatique, la richesse neuve de l’instrumentation assurèrent à la Vestale un succès qui s’est longtemps maintenu. Deux ans plus tard, en 4809, Spontini retrouvait un semblable succès avec Fernand Cortex-, sujet qui lui avait été indiqué par l’empereur lui-même. L’année suivante, le maître était appelé à la direction du théâtre Italien. Il sut y réunir une troupe excellente et eut l’honneur de faire entendre à Paris, pour la première fois, le Don Giovanni de Mozart. Cependant, la direction de Spontini ne fut point heureuse au point de vue matériel, et après de pénibles discussions avec ses associés, il dut, en 1812, résigner ses fonctions. Redevenu libre, le maître écrivit encore un opéra de circonstance oublié, Pelage ou le Roi de la Paix, une partie d’un ballet, les Dieux rivaux, avec Persuis, Berton et Kreutzer ; enfin, lors de la reprise des Danaïdes de Salieri, l’auteur le chargea du soin de retoucher son œuvre à laquelle il ajouta de charmants airs de ballets et une bacchanale célèbre. En 1809, il donnait un nouvel opéra, Olympie. Malgré ses réelles beautés, Olympie ne réussit point et ne put jamais s’imposer au répertoire.

L’année suivante , Spontini acceptait les propositions du roi de Prusse, qui lui offrait la direction générale de sa musique à des conditions extraordinaireraent généreuses. A Berlin, Olympie, dont le livret avait été retouché par Hoffmann, fut mieux accueillie, et le ballet de Lalla-Roukh, dont le sujet est emprunté à Th. Moore, fut également un triomphe. Spontini écrivit encore pour la cour de Prusse un opéra féerique, Alcidor (1825), et une autre grande partition sur un sujet national, Agnès de Hohenstaufen (1829), sans compter divers morceaux de musique instrumentale. Quoiqu’il eut en Allemagne beaucoup d’admirateurs, il y eut aussi beaucoup d’envieux qui émirent plusieurs fois des doutes sur la paternité de ses œuvres. Il s’ensuivit des polémiques violentes où Spontini ne sut point toujours garder la mesure. Aussi, lorsqu’il fut nommé à l’Institut de France, accepta-t-il volontiers de revenir séjourner à Paris, tout en gardant d’ailleurs, par la faveur du roi, le titre et les appointements de ses fonctions en Prusse. Une maladie de l’ouïe, qui lui rendait alors l’exercice de son art impossible, l’obligeait d’ailleurs à la retraite. Il eut l’envie de revoir son pays natal auquel il avait fait déjà, en 1842, un pieux pèlerinage, et c’est au cours de ce second voyage qu’il s’éteignit presque subitement, à Majolati, dans les bras de sa femme, la nièce du facteur Erard, qu’il avait épousée en 1811.

Spontini, après avoir joui de son vivant d’une gloire universelle, est un peu oublié de nos jours. L’impossibilité de maintenir longtemps au répertoire les chefs-d’œuvre du passé en est la principale cause, et aussi la vogue exagérée des œuvres de Rossini et de successeurs qui, pendant tout le milieu du siècle, a détourné le goût public du grand style dramatique. Ce n’en est pas moins un musicien de premier ordre. Auprès des partitions de Gluck, dont il avait étudié passionnément les chefs-d’œuvre, les siennes pourraient se soutenir encore. Car son originalité est très grande : ni les maîtres alllemands, ni les maîtres français de l’époque impériale, Méhul, Lesueur ou Cherubini, chez qui il chercha ses modèles immédiats, ne lui imposèrent despotiquement leurs formules. Essentiellement dramatique, son inspiration ne se pouvait déployer que dans la violence des passions et la force des situations tragiques. Mieux qu’aucun autre de ses contemporains, il a su faire un admirable emploi, entièrement nouveau alors, des modulations éloignées ou enharmoniques, et son instrumentation est extrêmement neuve et hardie pour l’époque. Son harmonie, quelquefois incorrecte, est puissante souvent sans être très savante, mais ses mélodies chaudement colorées, ardentes et passionnées vivent d’une vie intense, tandis que son entente de l’effet dramatique contribue singulièrement à les mettre en valeur. En somme, si l’on considère l’origne italienne et l’éducation première de ce grand maître, on sera surpris qu’il ait pu s’élever à cette hauteur dans un style auquel rien de ce qu’il put entendre dans sa jeunesse ne l’avait préparé. On ne saurait ne point admirer le génie qui put accomplir de lui-même une évolution si prodigieuse, et on rapproche invinciblement du grand Gluck ce musicien qui, parti comme lui des frivolités de l’italianisme en décadence, s’est élevé par ses seules forces jusqu’aux sommets de la musique vraiment dramatique. H. Qiittard.

SP0NV1LLE. Com. dudép. de Meurthe-et-Moselle, arr. de Briey, cant. de Chambley ; 249 hab.

SPORADE (Astron.) (V. Sparsile).

SPORADES (Iles). On groupe sous ce nom divers groupes d’îles « dispersées » dans l’Archipel. Les Sporades septentrionales sont Skiathos, Skopelos, Chilidromia, Pelagonisi, Skyros, etc. ; — les Sporades orientales, Nikaria, Patmos, Leros, Katymnos, Kos, Rhodes, Nysiros, Tilos, etc. ;

— les Sporades méridionales, Jos, Astropalia, Karpathos, Kasos, etc. ; on y ajoute souvent Thera et Amorgos qui officiellement sont du groupe des Cyclades. SPORANGE (Bot.) (V. Spore).

SPORE (Bot.). Chez les Champignons, les Lichens et les Algues, certaines cellules, spécialisées ou non, donnent naissance, en se segmentant, à des corpuscules monocellulaires de petite taille, qui s’échappent de la plante mère et qui s’entourent d’une membrane de cellulose. Placées dans des conditions favorables, elles se segmentent et reproduisent, sans fécondation préalable, le végétal dont elles sont issues. Mais, déjà chez les Algues supérieures, on rencontre les premiers indices de la sexualité. Il y a : tantôt des spores mobiles ciliées, qui s’unissent pour produire un corps (oospore) susceptible de germination ; tantôt des spores femelles, immobiles, de grande taille, renfermées dans des oogones, et des corpuscules mâles, mobiles, issus d’anthéridies. Tel est le cas des Vauchériées, des OEdogoniées, et surtout des Characées, des Fucacées et des Floridées. Nous avons vu, à l’article Paléontologie, § Botanique, comment, chez les Cryptogames • supérieurs, les phénomènes se compliquent d’alternances de générations, un thalle ou sporogone donnant des spores asexuées qui produisent un prothalle à anthéridies et oogones. Nous savons aussi que ce prothalle subit une régression progressive, de sorte que les phénomènes de la Repj’oduction (V. ce mot) reviennent à une simplicité apparente chez les Phanérogames. D r L. Laloy. SPORIDIE (Bot.) (V. Spore).

SPOROCARPE (Bot.). Formation non essentielle à la reproduction, qui, chez certains Cryptogames, enveloppe les spores ou les corps reproducteurs femelles et constitue une sorte de fruit. On peut considérer les Ascomycètes (et avec eux les Lichens), les Urédinées et les Basidiomycètes comme pourvus d’un sporocarpe au sens large du mot. Un grand nombre d’Algues présentent également des fructifications plus ou moins nettes : telles sont les Fucacées et surtout les Floridées. Chez les Characées, l’oogemme fécondée devient un sporocarpe très caractéristique. Enfin, chez les Cryptogames à prothalle, les archégones et les sporanges peuvent être considérés comme des sporocarpes. 11 y a, en somme, dans la plupart des familles de Cryptogames, des formations plus ou moins complexes qui préparent et annoncent ce que sera le fruit des Phanérogames. D" L. Laloy.

SPOROCYSTE (Zool.). Phase du développement de certains Trématodes, en particulier des Distomides ; c’est le sac germinatif où se forme l’embryon infusoriforme, soit directement, soit indirectement, soit après la transformation du sporocyste en rédie (V. Douve). D r L. Hn. SPOROGONE (Bot.). On réserve le nom de sporogone ou prothalle à la génération asexuée des Cryptogames supérieurs, celle qui donne naissance aux spores, par opposition à la génération sexuée ou prothalle, qui pro-