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SPONSIO — SPONTINI

lution de la question principale, celle de savoir si le demandeur est propriétaire. On a vu (V. Revendication) le rôle qu’a joué la procédure per sponsioneni dans la revendication où elle a servi de transition entre la legis octio et la formula petitoria. On la retrouve employée aussi dans la procédure d’interdits où elle a toujours la même fonction, celle de lier l’instance entre les deux adversaires. Quelquefois pourtant, la sponsio procédurale oblige sérieusement celui qui l’a faite. Elle est dite alors pcenalis. Elle sert à frapper d’une peine le plaideur qui a eu tort de soutenir le procès. Elle rentre donc dans la catégorie des peines contre les plaideurs téméraires. Il y a des sponsiones de ce genre en cas de condictio certœ pecuniœ, de constitut, d’interdits. Prœjudicialis ou pœnalis, la sponsio n’a plus rien du caractère spontané et volontaire de l’engagement verbal pris en dehors d’un procès. C’est le magistrat qui l’impose aux parties et en fait une mesure d’ordre et de réglementation qui a quelque chose d’artificiel et d’arbitraire. G. May. Bibl. : Brkal et Bailly, Ùictionn. étymol. latin, v° Spondeo : Paris, 1885, in-8. — Girard, Manuel élém. de droit rom. ; Paris, 1898, pp. 471-75, 144, 733, 734, 741, 744, 329, 1026-29. 1108 et ilote 3. — Cuq, les Instit. jurid. des Romains ; Paris, 1891. pp. 391-95, in-8. - G. May, Eléments de droit rom. ; Paris, 1900, n°» 314, 219, 6 e éd., in-8.

SPONTANÉITÉ (Philos.). Dans son sens le plus général, dans son sens métaphysique, la spontanéité s’oppose à l’inertie. De même que l’inertie peut se définir la tendance d’un être à persévérer indéfiniment dans son état de repos ou de mouvement tant qu’il n’est pas modifié par une cause extérieure, la spontanéité peut se définir le pouvoir que possède un être de modifier lui-même son état indépendamment de toute cause extérieure. C’est en ce sens que Leibniz disait : Spontaneum est cujus ratio est in agente. On sait que, selon lui, les monades, qui sont les vrais éléments des choses, sont incapables d’agir réellement les unes sur les autres et que, par conséquent, chacune d’elles change et se développe en vertu de sa propre force, comme si elle était seule au monde. La première idée de la spontanéité nous est évidemment donnée par l’observation des êtres vivants. In être vivant nous apparaît comme capable de se mouvoir par lui-même : il semble porter en lui-même la source de ses propres modifications. Aussi, est-ce à l’image de la vie que la primitive philosophie se représente la Nature. Ainsi, selon Aristote, tous les êtres se meuvent spontanément par l’effet d’un désir intérieur qui les porte vers leurs causes finales, et c’est du concours de tous ces mouvements spontanés que résulte l’harmonie universelle. De lui-même, le feu se meut en haut, d’elle-même la terre se meut en bas, et ainsi de tous les minéraux, aussi bien que des animaux et des plantes. Epicure lui-même, malgré son matérialisme obstiné, admet chez les atomes un clinamen, c.-à-d. un mouvement tout à fait impossible à prévoir et à expliquer, par lequel ils peuvent à chaque instant dévier de la ligne droite. La philosophie moderne a, au contraire, opposé de plus en plus à l’idée de la spontanéité celle du mécanisme ou du déterminisme universel. Descartes ne voit dans la nature qu’une suite de mouvements qui résultent indéfiniment les uns des autres, ou pour mieux dire qu’un mouvement unique qui se transforme indéfiniment sans pouvoir être accru ni diminué nulle part ; et il impose cette conception à tous les savants et à tous les philosophes venus après lui. Alors se pose dans toute son acuité le problème de la coexistence de cette inertie universelle avec la spontanéité, au moins apparente, que la conscience découvre en nous, et dont notre volonté nous parait être le foyer, problème d’autant plus redoutable que, selon la solution qu’il reçoit, toute la vie morale de l’humanité change d’aspect. Beaucoup de nos contemporains ont pris résolument leur parti de la disparition de l’un des deux termes : la spontanéité n’est à leurs yeux qu’une apparence illusoire : rien n’existe que l’universelle et nécessaire continuité du mouvement indéfiniment transformé. D’autres, sous le mécanisme universel, essaient, à l’exemple de Leibniz, de retrouver une spontanéité, une liberté radicales, et tels sont, par exemple dans notre pays, Ravais son, Renouvier, Boutroux, Fouillée, Bergson, etc., dont les doctrines sont, d’ailleurs, très différentes dans le détail. V. Cousin entendait la spontanéité d’une façon plus étroite et dans un sens en quelque sorte psychologique. Elle était, selon lui, l’un des deux modes de l’activité et de l’intelligence humaines, l’autre étant la réflexion. Spontanéité et réflexion, cette antithèse dominait à ses yeux toute la psychologie : il croyait y trouver la clé de presque toutes les difficultés de la science de l’homme. C’est pat-elle qu’il expliquait la dualité de l’instinct et de la raison, du sens commun et de la science, de la religion et de la philosophie, etc. En ce sens, spontané est à peu près synonyme d’instinctif : il marque ce premier étal de la nature humaine oii toutes les facultés s’exercent sans conscience et sans effort, l’état d’innocence des théologiens, ce qu’une thèse récente (Gérard-Varet, 1899) décrivait sous les noms d’ignorance et d’irréflexion. E. Boikac. SPONTINI (Luigi-Gasparo-Pacifico), compositeur italien, né à Majolati, près de Jesi, le 17 nov. 1774, mort à Majolati le 24 janv. 1851. Les premières années de ce grand musicien sont fort mal connues, et la date de sa naissance même est encore douteuse, certains biographes la fixant encore aux années 1778 ou 1779. Tout ce que nous savons de cette première période se borne à ceci, qu’en 1791 , il fut envoyé à Naples pour étudier l’art musical au Conservatoire de la Pietà, et l’on ignore encore complètement le nom du maitre sous la discipline de qui il y fit son éducation. Quatre ans après son admission dans cet établissement, il écrivait son premier opéra, / puntigli de donne, représenté en 1795, on ne sait en quel petit théâtre de Naples. L’œuvre était sans doute insignifiante, ainsi que presque toutes ces productions hâtives, alors décorées du nom d’opéra, et celles qui suivirent pendant plusieurs années, desquelles on a conservé le nom, ne semblent pas s’être élevé beaucoup au-dessus du niveau des compositions courantes, acclamées un jour, oubliées le lendemain. La gloire de Spontini n’est point là, et ses quatorze ou quinze opéras italiens, donnés à Rome, à Venise, à Naples, à Florence, à Palerme où la cour de Naples s’était réfugiée, ne méritent guère d’attirer longtemps l’attention. Il faut, d’ailleurs, qu’ils n’aient pas procuré à leur auteur une réputation très marquante pour que, sans fortune et sans relations, il se soit déterminé à venir tenter la chance à Paris, où il arrivait en 1803. Ses débuts furent pénibles en France. Après avoir vécu tant bien que mal en donnant des leçons, il arriva cependant à faire représenter, aux Italiens, sa l’inta filosofa, jouée pour la première fois à Naples en 1798. Cette partition fut bien accueillie, ainsi que son œuvre de début sur des paroles françaises, Milton, exécutée au théâtre Feydeau en déc. 180 i. Il fut moins heureux avec un petit ouvrage, Julie ou le Pot de fleurs, qui, l’année suivante, tomba lourdement. Un autre opéra-comique que lui avait fait obtenir le chanteur Elleviou qui le protégeait, la Petite Maison, eut le même sort, et la représentation en fui interrompue par des incidents tumultueux que l’attitude du chanteur avait suscités. Ces échecs eussent pu nuire au compositeur, mais, heureusement pour lui, il avait obtenu la protection de l’impératrice Joséphine. Aussi, sitôt que le grand opéra auquel Spontini travaillait fut achevé, put-il être mis immédiatement à l’étude à l’Opéra. C’était un poème de de Jouy, la Vestale, déjà refusé par Mehul et Cherubini. Les répétitions furent prolongées, parait-il, pendant prés d’un an. Ce ne fut que le 15 déc. 1807 que l’œuvre fut donnée au public, après avoir été en butte à l’hostilité systématique des exécutants et du personnel du théâtre. Le succès de la Vestale fut considérable et décisif ; il classa l’auteur au premier rang. En vain les puristes routiniers du Conser-