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SPARTE — SPARTEINE

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nondas pénétra en Laconie, ravagea la vallée de l’Eurotas, et, pour la première fois, fit briller autour de Sparte les feux d’un camp ennemi ; mais encore il fonda au cœur du Péloponèse deux villes nouvelles, destinées à rivaliser avec Sparte, Mégalopolis en Arcadie, Messène en Messénie. La fondation de cette dernière ville était sur tout humiliante pour Sparte ; c’était en quelque sorte la revanche longtemps attendue des guerres de Messénie. Après avoir succombé sans retour dans la Grèce centrale, l’hégémonie Spartiate reçut une atteinte mortelle dans le Péloponèse même. Quelques années plus tard, Epaminoudas envahit de nouveau le Péloponèse ; il faillit prendre Sparte ; les Spartiates parvinrent à le repousser, mais ils furent vaincus à Mantinée (362). La mort d’Epaminondas ne leur fut d’aucune utilité. Sparte, désormais abaissée, ne joua plus de longtemps aucun rôle actif dans les affaires de la Grèce. Elle fut complètement effacée par Athènes pendant la lulte contre Philippe de Macédoine. Le Péloponèse fut alors et théâtre de dissensions perpétuelles, qui ne cessèrent qu’après la bataille de Chéronée et l’établissement de la domination macédonienne. Philippe, eu 338, pénétra jusqu’en Laconie ; il dépouilla Sparte de tous les territoires qu’elle avait conquis sur les Messéniens, les Argiens, les Arcadiens. « Les Lacédémoniens ne gardèrent pas môme la pleine possession de leur vallée et de ses plus importants passages. Sparte fut traitée comme un Etat de brigands, à qui on reprend son butin pour le restituer aux légitimes possesseurs » (E. Curtius). Pendant l’expédition d’Alexandre, en 331, Sparte essaya de secouer le joug macédonien. Le roi Agis noua des relations avec les Perses vers l’époque de la bataille d’Arbèles ; puis il envahit V Arcadie et mit le siège devant Mégalopolis ; mais Antipater, qu’Alexandre avait chargé du gouvernement de la Grèce d’Europe, accourut aussitôt et défit complètement les Spartiates. Désormais la décadence de Sparte ne fit que s’accentuer. Non seulement l’Etat Spartiate fut tout à fait impuissant au dehors et subit comme le reste de la Grèce le despotisme des princes macédoniens, mais encore l’état intérieur de la cité présentait le plus triste spectacle. En théorie, les lois de Lycurgue étaient toujours en vigueur ; dans la pratique, elles n’existaient plus. Depuis longtemps, le nombre des Spartiates proprement dits, des Egaux, avait diminué dans des proportions considérables ; vers le milieu du second siècle av. J.-C., ils n’étaient plus que 700. L’antique égalité avait de même disparu ; l’interdiction de posséder de la monnaie d’or et d’argent était tombée en désuétude, et de grosses fortunes mobilières avaient été acquises par quelques citoyens ; enfin l’inégalité s’accrut encore, lorsqu’un certain Epitadeus eut fait adopter une loi qui autorisait chacun à disposer de ses biens par donation entre vifs ou par testament. II en résulta que les propriétés foncières, jadis réparties entre plusieurs milliers de citoyens, se concentrèrent peu à peu entre les mains d’un petit nombre de possesseurs. Il y avait là un très grave danger social et politique. Un roi de Sparte, Agis III, voulut remédier à cette situation. Il proposa : 1° d’admettre parmi les citoyens un certain nombre de Périèques ; 2° de procéder à un nouveau partage des terres. Ces propositions furent votées par l’assemblée du peuple Spartiate ; mais les riches fomentèrent un complot contre Agis, s’emparèrent du pouvoir en son absence et, quand il rentra à Sparte, le firent mettre à mort (241). Quelques années plus tard, l’œuvre d’Agis fut reprise par Cléomène. Cléomène était le fils d’un des ennemis d’Agis ; mais il avait épousé la veuve de ce roi. D renversa le gouvernement oligarchique des éphores et prit le pouvoir. Après avoir condamné à l’exil 80 Spartiates, il mit à exécution ses projets de réforme. Comme l’avait proposé Agis, le droit de cité complet fut accordé à un certain nombre de Périèques, et l’on procéda à un nouveau partage des terres. Cléomène voulut aussi rendre à ses concitoyens leurs mœurs et leurs vertus militaires d’autrefois ; il réorganisa l’armée Spartiate et remit en vigueur la coutume oubliée des repas publics ou syssities (225). Ce relèvement de Sparte se fit sentir au dehors. C’était l’époque ou la ligue Achéenne, dirigée par Aratus, voulait étendre son hégémonie sur le Péloponèse tout entier. Cette politique trouva dans Sparte un adversaire irréduc^ tible. Déjà le roi Agis était entré en lutte avec les Achéens. Mais ce fut Cléomène qui aflirma le plus énergiquement son intention de rendre à Sparte son antique puissance. Il battit plusieurs fois les troupes achéennes ; il leur enleva presque toute l’Arcadie, les chassant de Mantinée, d’Orchomène et de Tégée. Aratus effrayé fit appel au roi de Macédoine, Antigone Doson. Les Macédoniens saisirent avec empressement l’occasion qui leur était ainsi offerte ; ils occupèrent Corinthe, qu’ils avaient dû abandonner, et reprirent possession de toute l’Achaie. Cléomène, dans le centre et le S. du Péloponèse, résista vaillamment pen-. dant trois années. Il disputa pied à pied l’Arcadie à ses adversaires ; mais il ne put les empêcher de prendre Mantinée. Enfin une grande bataille s’engagea près de la ville de Sellasie, dans la haute vallée de l’Eurotas. Cléomène fut vaincu (222), et s’enfuit en Egypte. Les Macédoniens occupèrent Sparte et y rétablirent le gouvernement oligarchique.

Sparte alors disparaît de l’histoire. Après avoir été la proie des tyrans obscurs, Machanidas, Nabis, qui firent assassiner presque tous les descendants des vrais Spartiates, elle subit le joug romain et vit une partie de la Laconie lui échapper (V. Laconie). On ne sait rien désormais de ses destinées, qui furent sans doute celle d’un village écarté dans une vallée étroite, située hors des grandes voies du monde. « Sous l’empire romain, Sparte est entièrement oubliée ; on la voit, à peine, sous Tibère, plaider et perdre une petite cause contre les Messéniens ; on relit deux fois le passage de Tacite, pour bien s’assurer qu’il parle de la célèbre Lacédémone. Puis on trouve une garde lacédémonienne auprès de Caracalla... « Enfin Sparte se transforme, à l’époque byzantine, en une principauté, dont les chefs prennent le nom de despotes. Quelques pirates, qui se disent les véritables descendants des Lacédémoniens, font aujourd’hui toute la gloire de Sparte. » (Chateaubriand.) L’emplacement de Sparte est de nos jours resté désert et inculte ; à quelque distance vers l’O., au pied du Taygète, s’est construite la ville moderne de Mistra. J. Toitain.

Bibl. : Outre les ouvrages déjà cités aux mots Doriens et Grèce : Fustel de Coulanges, Etude sur la propriété a Sparte, dans Nouvelles Recherches sur quelques problèmes d’hisloire ; Paris, 1S91. — Art. Lacedsemoniorum respublica, dans le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio. — Gilbert, Handbuch der griech, Staats :iltertluimer, 1893, 2 e éd. — Claudio Jannet, (es Institutions sociales et le droit civil de Sparte ; Paris, 1893. — P. Guiraud, la Propriété foncière en Grèce ; Paris, 1S93.

cdadtc.mc t r p Kquiv . C 30 H 2,i Az 2 . SPA RTEINE.I. Chimie.- Form.j ^ ei5IP 6 Az *. La spartéine est une huile alcaloïdique qui se rencontre dans le Spartium scoparium L, ou genêt à balais. Elle a été découverte par Stenhouse. On l’extrait en épuisant la plante par l’eau légèrement acidulée et condensant les divers extraits. Le produit concentré est distillé ensuite en présence des alcalis, la spartéine se sépare et se condense en une huile épaisse, peu soluble dans l’eau, au fond de laquelle elle tombe quand on l’y projette. La spartéine est une base diacide qui présente une réaction fortement alcaline sans cependant fournir des sels cristallisant bien. Les choromercurate, chloroaurate, chloroplatinate sont très peu solubles dans l’eau ; le picrate présente une stabilité remarquable. L’action de l’iodure d’éthyle sur la spartéine a permis d’établir que cette base était une diamine tertiaire. On a préparé en effet les composés

C 30 H 27 (C 4 H 5 )Az 2 I 2 , C 30 H 2e (C 4 H 5 ) 2 Az 2 I 2 décomposables tous deux par l’oxyde d’argent en donnant des bases correspondantes. C. Matignon.