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SOUFRE

morts : en 1883, celui de Sommatino fit 39 victimes, etc. Le soufre, dans les minerais naturels, n’entre que pour une proportion variable, souvent intérieure à 40 % ; il est donc aéeessaire de faire subir à ceux-ci un traitement. qui, malheureusement, ne peut être précédé d’une séparation mécanique analogue à celle employée pour les minerais métalliques, la densité du soufre étant, pour cela, trop faillie et trop voisine de celle de sa gangue. Cette séparation se fait, presque exclusivement, par fusion dans des appareils divers, très rarement par distillation ou par dissolution ; elle est toujours suivie d’un raffinage. Les procédés de fusion peuvent être distingués en quatre catégories, suivant qu’on utilise, pour fondre le minerai, la chaleur obtenue par la combustion d’une partie du soufre, i elle de charbon ou de bois, celle d’un courant de vapeur, ou enfin celle d’une dissolution saline, dont le point d’ébullition est supérieur à celui de la fusion du soufre. De toutes façons, il y a lieu de remarquer que le soufre devient liquide à il 5°, pâteux à KiO , et ne reprend une demi-fluidité qu’à 400°. C’est entre ces limites assez étroites de 113 et 100° qu’il est nécessaire de maintenir la température pour obtenir un bon résultat. Le premier type d’appareils, le plus simple et le plus anciennement employé, est aussi, par suite des conditions industrielles et sociales auxquelles j’ai fait allusion plus haut, celui que l’on rencontre le plus ordinairement en Sicile. Il consiste en ce qu’on appelle un calcarone, perfectionnement rudimentaire de la ealcarella à feu nu, seule employée jusqu’en 1850. Le calcarone (tig. 3), dont le principe est très analogue à celui des appareils construits par les charbonniers pour faire du charbon de bois, se compose d’une fosse circulaire en elliptique, dont le fond, incline de 1 à 1 o". est obtenu, le plus souvent, en profitant de la pente naturelle du sol. Un calcarone de 10 m. de diamètre a. parexemple, 2 m ,50de profondeur moyenne, et la muraille d’en-

ceinte a m ,40à

m ,50 d’épais-

seur du coté op-

posé à l’ouver-

ture ou morte,

1 m. à 1 U1 .20

auprès de celle-

ci ; elle est en-

duite intérieure-

mentd’un enduit

très lisse en plâ-

tre ; devant l’ou-

verture, le sol

est aplani exté-

rieurement et re-

couvert d’un ap-

pentis pour abri-

ter les ouvriers

qui font la fusion.

La sole est faite

arec les résidus des opérations (tjinese) très tins et fortement battus ; elle est ainsi imperméable au soufre. Le volume du calcarone est extrêmement variable, depuis 25 jusqu’à L.200 m. cubes. le> petites dimensions étant surtout employées la ou on peut fondre toute l’année, les grandes dans les régions, où il faut fondre seulement en hiver pour éviter les ravages causés à la végétation par les vapeurs sulfureuses que dégage le traitement du soufre. Quand on veut allumer un calcarone, on commence par disposer, en avant de la morte, une sorte de voûte en - raliaires ; puis on étend un lit de minerai en gros morceaux, qu’on recouvre de minerai plus menu sur la périphérie, en réservant les gros morceaux pour le centre. On élève ainsi le tas jusqu’au niveau de la fosse et on le continue plus haut en tronc de cône. On a eu soin de réserver vers la circonférence, des cheminées verticales, au moyen de gros blocs et l’on recouvre le tronc de cône par

— Coupe verticale et plan d’un

calcarone (d’après Aichino).

une couche de 10 à 20 cent, d’épaisseur, en augmentant d’autant plus cette épaisseur que le minerai est plus menu et la saison plus sèche. On met le feu par les cheminées verticales. Au bout de huit jours, de petits dégagements d’acide sulfureux et de vapeur d’eau commencent à se produire à travers la chemise, dont on augmente ou diminue l’épaisseur sur un point, suivantqu’on veut y activer ou y ralentir le feu. Il faut alors exercer une surveillance attentive pour éviter notamment que la mûrie ne s’échauffe et que le soufre fondu ne brûle. Quand le bas du calcarone est rempli de soufre fondu (olio), on l’ail couler celui-ci dans des moules en forme de troncs de pyramide, appelés gavite, où l’on obtient des pains, dits balata, qui pèsent de oOàOOkilogr.On trouvera tous les détails relatifs au rendement de cet appareil dans un mémoire de Ledoux, inséré en 1875 aux Annales des Mines, ou dans celui de Aichino. La perte est, en moyenne, de 35 % du soufre contenu dans le minerai. La proportion de soufre totale traitée au calcarone, qui était encore, en 1890, les 80 %du total, va en déclinant d’année en année ; elle était, en 1894, de (32,53 %. Quelques légères modifications ont été proposées pour cet appareil sans en changer la forme ; elles ont toutes l’inconvénient de ne pas représenter une amélioration équivalente à la dépense supplémentaire : ainsi le four Saunier, essayé en 1877, où un calcarone couvert est relié par une conduite de 130 m. à une cheminée de 18 m. de haut ; le four de Kechter avec ventilateur aspirant, destiné à éliminer, à la plus basse température possible, l’eau du gypse souvent associé avec le minerai de soufre, qui emploie ordinairement pour se vaporiser une quantité de chaleur tout à fait perdue ; le four Durand, qui a

été, pendant quelque

temps, imposé par le

gouvernement, avant

qu’on n’eût substitué

le calcarone à la eal-

carella découverte et

qui tenait le milieu

entre le calcarone et

le four à chaux ;

enfin le four Robert

Gill, qui mérite une

élude spéciale ; car

il s’est assez répandu

progressivement pour fournir aujourd’hui à lui seul plus de 20 °/ du soufre sicilien. Le four Gill, breveté en 1880, consiste (fig. 4 et 5) en deux chambres, ou celle. accouplées, alternativement remplies, l’une par le minerai cru, l’autre parles produits grillés de l’opération antérieure. Ces deux chambres ont une section horizontale circulaire Fig. 4. — Four Gill. Schéma

théorique (d’après Aichino).

Fig. 5. — Four Gill. Plan et coupe horizontale. et se réduisent légèrement par le haut. Elles communiquent, à leur partie supérieure, au moyeu d’une conduite munie d’une valve E et sont, d’autre part, reliées chacune à une cheminée. L’air entre à la base des produits grillés A , s’échauffe en les traversant et porte cette chaleur au minerai cru B (la cheminée D étant, à ce moment, fermée). Quand le minerai a fondu en li, on ferme la valve E, on évacue les résidus A, on recharge du minerai nouveau, on ferme la cheminée C, on ouvre celle J9 ; ainsi que la