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SOUFRE

Une trop forte proportion de gypse est une gène pour le traitement par fusion : ce qui contribue sans doute à faire considérer, comme relativement exceptionnel, le mélange de soufre et de gypse. La teneur moyenne de tous les Sai ^ ’ ^^ ^ l ?^ - l^g , ’y^ ! < ^i^,]i

1 ._• 2 —Type de minerai zone, formé de calcaire peu solfifère à et de soufre b, avec calcaire cristallin c, dont les cristaux (scalénoèdres ou rhomboèdres inverses) ont la pointe en bas ; entre b et c, il y a un espace vide ; le soufre, à la partie supérieure du 6, est cristallisé en iristaux présentant leur pointe vers le haut. L’épaisseur des veinules va de 5 millim. à 3 centim (d’après Mottura). minerais est, d’après Mottura, de °24 % ; c’est, notonsle en passant, juste le rapport des équivalents du soufre et du carbonate de chaux. De 8 à 1(5 °/ , le minerai est pauvre ; de 16 à 24, bon ; de 24 à 40, riche ou très riche. Le calcaire solfifère ne renferme, dit-on, jamais de fossiles ; mais on y trouve des fragments ligneux parfaitement conservés.

In point, sur lequel l’attention a été tout particulièrement attirée dans ces dernières années, notamment par Giorgio Spezia et Gounot, est le rôle de la slrontiane dans cette formation. Le minerai de soufre proprement dit présente une association de soufre et de célestine (sulfate de strontiane), qui est très nette et depuis longtemps connue. Cette célestine, que l’on retrouve dans d’autres gites de soufre analogues (aux Tapets, en Bomagne, dans le Daghestan, etc.), apparait surtout quand la texture cristalline est bien prononcée. On a même pu songer à l’exploiter. Au contraire, le^ carbonate de strontiane (strontianite) est rare dans le minerai et no semble guère exister que lorsque celui-ci est très riche en veines d’opale. Mais ce carbonate de strontiane devient très abondant par endroits dans un banc calcaire stérile qui s’étend sur de grandes longueurs, et, d’après Gounot, les trois quarts des échantillons de ce calcaire en renferment une quantité très sensible, qui peut même arriver à tiCi %. Cette présence de la strontiane peut être rapprochée du fait, constaté par Dieulafait. que ce corps se concentre en fortes proportions dans le gypse résultant de l’évaporation de l’eau de mer ; d’autre part, dans les marnes de Meudon, on sait qu’il existe de nombreuses veinules strontianifères ; à Ahlen, en Westphalie. on exploite des liions de carbonate de strontiane dans des argiles marneuses du même âge géologique ; au Mokattam, en Egypte, Le Neve Eorster a trouvé des cristaux de célestine englobant des nummulites : on peut donc supposer que le strontium, existant, pour une cause quelconque, dans l’eau de mer, s’est rassemblé, sous forme de sulfate dans le gypse, de carbonate dans le banc calcaire et qu’il a été déplacé par une réaction connexe de celle qui a forme le soufre. Des recristallisations secondaires ont pu intervenir. H est assez curieux que la baryte, élément si analogue à la strontiane, fasse défaut dans les gisements siciliens. Si l’on veut aller plus loin et chercher pourquoi les eaux, ou se sont déposés ces terrains, étaient particulièrement strontianifères, tandis que tant d’autres terrains analogues ne renferment pas de strontiane, on se heurte à une difficulté analogue à celle qui se présente pour la plupart des sédiments métallifères et qu’on a l’habitude de résoudre en imaginant la présence des sources minérales strontianifères, peut-être elles-mêmes en rapport avec les roches éruptives. Lu résumé, toute théorie relative à la formation des soufres siliciens doit tenir compte des faits suivants. Il y a eu, dans cette région, pendant le sarmatien et le pontien, alternativement, de vastes lagunes peu profondes en évaporation et des lacs d’eau douce, où s’accumulaient des matières organiques. Pendant le sarmatien, l’évaporation lagunaire est marquée par les amas de sel gemme, accompagnés, comme partout, d’hydrocarbures. Fuis vient un régime lacustre, accusé par la présence des tripolis et des lignites. Enfin, commence la période gypseuse : dans de vastes lagunes se déposent alternativement des calcaires riches en sels de magnésie et de strontiane, des gypses, des argiles noires et quelques rares bancs de grès tin. Enfin, la mer recouvre de nouveau le pays durant le pliocène. Aucun épanchement de lave ne s’est produit pendant ce temps ; mais ces diverses périodes ont été troublées par ces grands mouvements de dislocation, auxquels correspondent généralement ces localisations des mers en lagunes, et il est possible que des actions de profondeur aient eu une influence indirecte, soit physiquement par l’élévation de température produite, soit chimiquement par un apport exceptionnel de certains principes salins ou d’hydrocarbures. Enfin, il est à peu près certain que des phénomènes secondaires, en relation avec la superficie actuelle, sont intervenus d’une façon qui n’a peut-être pas été suffisamment mise en lumière jusqu’ici. Parmi les diverses hypothèses faites sur la formation du soufre, aucune, il faut bien le reconnaître, n’échappe à toutes les objections ; il semble cependant bien qu’il faille abandonner la théorie volcanique, défendue autrefois par de nombreux auteurs, pour adopter une théorie sédimentaire. Dans la théorie volcanique, on admettait, soit que l’on avait affaire à une ancienne solfatare (idée bien insoutenable aujourd’hui), soit qu’il s’était produit des sources thermales chargées d’hydrogène sulfuré dans un bassin où se formaient des calcaires et des gypses (explication récemment proposée par Gounot, qui s’éloigne peu de celle de Spezzia), soit encore, comme Mottura à ses débuts, que le gypse aurait été réduit par une action calorifique intense. Les auteurs, qui ont adopté celte théorie, semblent avoir été frappés par des difficultés relatives à la formation de la silice, à la concentration de la strontiane, à la cristallisation du soufre, etc., que les études récentes de Munier-Chalmas sur les formations de minéraux secondaires dans le bassin de Paris ne me font pas parailre bien graves. Il est beaucoup plus probable, à mon avis, que, dans les grandes lagunes pontiennes, s’est déposé du sulfate de chaux, dont le soufre dérive par une réaction immédiate ou secondaire (ce dernier point seul me semblant encore douteux), les hydrocarbures et l’hydrogène sulfuré ayant pu jouer un rôle. Quand on a des hydrocarbures dans une dissolution de sulfate de chaux, il se produit, suivant Travaglia, du sulfure de calcium ; puis, au contact de l’air, un premier précipité de carbonate de chaux avec de l’hydrogène sulfuré, formant aussitôt un polysulfure. le polysulfure à son tour donnant un précipité de carbonate de chaux. C’est la théorie de Baldacci, Travaglia, à laquelle est revenu Mottura. On doit théoriquement obtenir ainsi un mélange de soufre et carbonate de chaux, contenant 25 "/ode soufre au maximum ; mais il suffit de penser aux courants qui ne pouvaient manquer de se produire dans ces lagunes pendant la précipitation, pour expliquer comment la teneur en soufre peut être variable et dépasser par endroits ce chiffre. Les hydrocarbures supposés seraient, d’après Mottura et Baldacci, les