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SOUFFLOT — SOUFFRANCE

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Germain-l’Auxerrois ; mais ses restes portés au Panthéon puis dissimulés pendant la Révolution dans l’ancienne église Sainte-Geneviève, reposent aujourd’hui dans les caveaux du Panthéon ; on peut lire sur son tombeau cette épitaphe de sa composition :

Pour muitre dans son art il n’eut que la nature ; Il aima qu’au talent on joignit la droiture, Plus d’un rival jaloux qui fut son ennemi, S’il eut connu son cœur, eût été son ami. On possède trois portraits de Souftlot peints par Carie Van Loo, dont deux au musée du Louvre et un au musée de Versailles. — François Souftlot dit le Romain, neveu et élève de J.-G. Souftlot, fut nommé, en 1794, architecte du Panthéon où « il fit supprimer, dit Rondelet, aux grands pendentifs du dôme, des masses de pierre dure qui avaient été laissées pour les cadres et les basreliefs », et ce, afin d’empêcher l’aggravation des dégradations survenues aux piliers du dôme. François Souftlot avait fait reconstruire, en 1786, le grand escalier latéral du prieuré de Saint-Martin-des-Champs (Conservatoire des Arts et Métiers), attribué à tort à D. Antoine et restauré par Léon Vaudoyer, et c’est à lui encore que Paris doit le bel hôtel Montholon, sur le boulevard Montmartre. Ch. Lucas.

SOUFFLURE (Métal.). La plupart des métaux fondus, coulés sans précautions spéciales, présentent, après solidification, des cavités remplies de gaz, qui peuvent amener des ruptures accidentelles dans les pièces métalliques. Ces cavités, que l’on a pu observer dans l’acier, l’argent, le cuivre, etc., sont ce qu’on appelle des soufflures. Il y a une grande importance à les éviter, et il est souvent difticile de le faire si l’on n’emploie pas des artifices spéciaux ; cette difficulté est particulièrement grande avec la fonte blanche, avec les aciers très doux, etc. Quand on examine une pièce d’acier soufflé, on constate que la première croûte voisine de la lingotière est généralement solide ; au contraire, les parties intérieures présentent des soufflures, disposées horizontalement dans une pièce verticale, qui ont pu être comparées à des trous de larves ayant rongé le métal. Pour expliquer théoriquement la production de ces soufflures, aussi bien que pour les empêcher pratiquement de se développer, il semble que la première idée eût dû être de faire l’analyse chimique des gaz qu’elles contiennent. Cependant l’on a très longtemps procédé par empirisme et fait des hypothèses à priori, en supposant que les gaz contenus devaient être uniquement de l’oxyde de carbone, sans commencer par un essai expérimental si élémentaire. Aujourd’hui, la composition complexe des gaz des soufflures est bien connue, et l’on arrive aisément à les éviter.

Les premières expériences sont dues à Troost et Hau tefeuille, qui, en 1873, montrèrent que l’acier fondu et le fer, chauffés à 800° pendant un temps assez long, pouvaient absorber des quantités importantes d’hydrogène, d’azote et, secondairement, d’oxyde de carbone. Millier, de Rrandenburg, attaqua la question plus directement et fora des pièces d’acier fondu par en dessous, en les maintenant plongées dans un liquide , tel que de l’eau , de l’huile ou du mercure ; le foret pénétrait, au moyen d’un presse-étoupes, par le fond du réservoir qui renfermait le liquide. Les gaz dégagés étaient recueillis dans une éprouvette. On trouva ainsi des proportions de gaz, qui, suivant les cas, étaient les suivantes : dans un acier pour ressort, 82 % d’hydrogène contre 18 °/ d’azote ; dans une fonte Ressemer, 86,5 °/ d’hydrogène, 9,2 °/ d’azote et 4,3 d’oxyde de carbone ; dans un acier Martin, avant addition de spiegel, 67 °/„ d’hydrogène, 31 d’azote et 2 d’oxyde de carbone ; dans un lingot Ressemer, 68,8 °/ d’hydrogène et 30,5 / o d’azote. Tous ces gaz se trouvaient à des pressions de 3 à 6 atmosphères. Si l’on prend un acier soufflé et qu’on le coule, les gaz ainsi inclus peuvent, tantôt se dégager en bouillonnant, tantôt s’élever du fond, au bout d’un certain temps, en gonflant toute la masse, tantôt s’échapper en projetant des étincelles. C’est un phénomène comparable au rochage bien connu des lingots d’argent.

Deux explications ont été proposées pour l’origine de ces inclusions gazeuses. Dans l’une, qui est celle de l’absorption, on admet que l’acier fondu emprisonne des gaz provenant de l’atmosphère ou du fourneau, comme peuvent le faire l’argent, le cuivre ou simplement la glace ; dans l’autre, dite de la réaction, que l’oxyde de fer, au moment de la solidification, réagit sur le carbone pour donner de l’oxyde de carbone et de l’acide carbonique. Même en supposant que cette dernière réaction puisse intervenir, il est incontestable qu’elle n’explique pas suffisamment les faits, puisqu’elle ne rend compte, en aucune façon, de la présence de l’hydrogène et de l’azote. Elle doit donc être reléguée tout à fait au second plan. L’absorption fait, au contraire, comprendre comment ces deux gaz ont pu être emprisonnés dans le métal en fusion, l’oxygène avec lequel ils étaient, soit combinés, soit mélangés, ayant été fixé par le fer.

Pour obtenir de l’acier sans soufflures, on sait aujourd’hui qu’il suffit d’ajouter au bain métallique une quantité suffisante de silicium. Le tour de main, d’abord découvert à Rochumen Westphalie et gardé secret aux aciéries Krupp, puis redécouvert en 1863 par les ingénieurs de Terre-Noire, est désormais tout à fait vulgarisé. D’après Gautier et Mûller, cette influence serait due à ce que le silicium augmente la solubilité de tous les gaz dans l’acier et empêche leur dégagement dans la solidification. Son rôle serait alors analogue à celui du plomb mélangé en faibles traces dans le cuivre, du magnésium incorporé dans le nickel. On s’est demandé, en outre, s’il n’y avait pas réaction chimique. D’après un travail de Caron, en 1863, le silicium peut décomposer l’oxyde de carbone en produisant de la silice et du carbone. Son affinité pour l’oxygène domine celle du carbone pour le même métalloïde et empêche donc la production d’oxyde de carbone gazeux. Mais ces réactions, d’ailleurs mal vérifiées, n’ont aucune valeur pour faire comprendre la disparition de soufflures dues à l’hydrogène et à l’azote. En pratique, quand on veut obtenir un bain d’acier sans soufflure, on ajoute du manganèse, qui absorbe au fur et à mesure l’oxygène introduit par le contact de l’air ; puis on incorpore du ferrosilicium ou du silico-spiegel (alliage tout formé de silicium, manganèse et fer), et l’on coule dans des moules bien secs, en matière très réfractaire, ou mieux, si on le peut, en coquille, c.-à-d. dans un moule en fonte, pour être sûr que le moule n’aura aucune réaction sur l’acier.

SOUFFRANCE. I. Philosophie (V. Plaisik).

IL Médecine (V. Douleur).

III. Ancien droit. — On sait que le nouveau vassal, lors d’une mutation du fief, devait prêter foi et hommage au seigneur (V. Fief, t. XVII, p. 415), sinon il y avait saisie du fief par le seigneur. On appelle souffrance le délai que le seigneur accorde, dans ce cas, au nouveau vassal pour quelque juste cause pour lui permettre de surseoir à la foi et à l’hommage qu’il doit lui faire. On distingue deux sortes de souffrance : l’une légale et coutumière, l’autre volontaire, a. La première est celle qui est accordée aux enfants in utero ou aux mineurs et à leurs tuteurs pour cause de minorité. Cette souffrance présente ceci de particulier qu’elle est nécessaire et forcée et que le seigneur ne peut la refuser. Elle doit être demandée dans les quarante jours, en présence de deux notaires ou d’un notaire et de deux témoins, b. La seconde est volontaire, et le seigneur ne l’accorde que s’il juge, ou qu’il est jugé contre lui, qu’il y a des empêchements suffisants tenant parfois à la personne du vassal : il est pauvre ou pourvu d’une charge qui l’oblige à une résidence continuelle, il est par exemple président ou conseiller à la cour, ou bien il est absent, emprisonné, malade, captif ; ou bien c’est un em pèchement tenant à un fait indépendant de la personne.