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SOUDAN

vallée desséchée de Oualata. Toute cette zone offre peu de points où se puissent créer des centres sédentaires ; elle est demi-désertique, semée d’oasis, parcourue par des nomades métissés de sang arabe et berbère, qui descendent au S. dans la saison sèche, remontent au N. lors des pluies de l’hivernage. — Au S. du Sénégal, on trouve encore les plaines sablonneuses du Cayor, le désert de Ferlo, qui rappellent le pays des Maures Trarza et l’Aftouth au N. du fleuve ; mais le climat est nettement tropical. A l’intérieur se dressent les hauts plateaux granitiques du Fouta-Djallon avec leurs terrasses étagées ; ils sont revêtus d’un manteau de grès micacés, de grès plus récents, d’arkose, puis de schistes argileux et micacés, et enfin d’une calotte superficielle de grès ferrugineux. Ils dirigent vers la cote des masses d’eau énormes qui ont formé de riches plaines alluviales.

A ces massifs du Djallon s’adosse la région des hauts plateaux, limitée au N. par les vallées supérieures de la Gambie et de la Falémé et se prolongeant parallèlement au rivage jusqu’au bas Niger ; elle doit son origine à un soulèvement des roches granitiques lesquelles affleurent en des sommets isolés, mais sont généralement revêtues de grès siliceux, de poudingues, de jaspes et plus rarement de schistes ; au-dessus s’étale le sédiment ferrugineux ; l’aspect du pays est rocheux et montueux, quoique les reliefs y soient peu marqués : ce sont des collines pierreuses séparées par d’étroits vallons, profonds et fertiles ; pâturages forestiers sur les hauteurs, végétation exubérante dans les fonds. Au pied de ces plateaux qui souvent s’arrêtent en falaise au bord de la zone côtière s’étend l’épaisse forêt tropicale qui sépare la plaine alluviale maritime de la région soudanaise ; le cours supérieur des grands fleuves côtiers (Sénégal, Comoé, Volta,etc.) appartient à la zone des plateaux où ils coulent au milieu de vastes plaines avant de se précipiter par des rapides au travers de la zone forestière. — La partie la plus importante de ces plateaux est pour nous celle du haut Sénégal, ce qu’on appelle la région du Haut-Fleuve à laquelle se rattachent au N. du Sénégal le Kaarta et le Bakhounou et qui s’étend à l’E. et au S. jusqu’au Niger. Au S., elle est relativement pauvre entre le Fouta-Djallon et le Tinkisso : trop d’hydrates de fer et de silice ; des tables rocailleuses où se développe la brousse, en s’avançant au N. dans le Beledougou, le Bakhousnou et le Kaarta, le sol plus riche en alumine devient fertile ; de vastes plaines partagées entre les forêts, les pâturages et les cultures atteignent la lisière saharienne où elles se terminent par un Sahel fertile dont les terres légères sont propices à l’élevage du cheval et du chameau.

La région soudanaise par excellence comprend la vallée du Niger et les vallées supérieures des fleuves côtiers embrassées dans la vaste courbe du « Nil des noirs ». On divise cette région en trois parties : bassin du haut Niger ; bassin du Niger moyen ; plaine intérieure. Le bassin du haut Niger, dont les vallées convergent en éventail depuis le Fouta-Djallon jusqu’aux hauteurs de Kong, forme une région tout à fait tropicale, à larges vallées limoneuses, fécondées par les crues annuelles, séparées par des collines de grès et de dépôts ferrugineux, les plateaux étages sont ’si faiblement ondulés qu’au N. du 10° lat. N. ils semblent se confondre en une immense plaine : dans cette région sont les pays de Sankaran, de Bouré sur le haut Niger, le Ouassoulou et le Kénédougou à l’E.

— Le bassin du moyen Niger en aval de Bammako (pays de Ségou, Marina) a un aspect différent ; les alluvions récentes ne sont plus aussi empâtées de roches siliceuses ; les sédiments arénacés augmentent à mesure qu’on va vers le N. : les inondations périodiques du fleuve fertilisent une vallée très large à partir du confluent de Mahé-Balevel ? (dr.) ; le Niger y épanche ses eaux entre une quantité de bras latéraux reliés par des marigots ou canaux naturels ; mais en descendant vers le N. le fleuve pénètre dans la région désertique, le Sahel d’abord avec ses terres légères et ses peuples agriculteurs et pasteurs, puis le désert dévonien nu et stérile, domaine des nomades qui y promènent leurs troupeaux ; il n’est coupé que par la bande de verdure de l’Aribinda, au voisinage immédiat du fleuve ; depuis ïimbouctou jusqu’à Gogo et même Zinder, cet aspect se maintient sur les deux rives du Niger. — A l’intérieur de la boucle du Niger et au S. de cette zone désertique qui en occupe l’extrémité septentrionale, nous retrouvons la plaine fertile qui appartient en grande partie au bassin supérieur de la Volta avec les populations plus denses du pays de Kong, du Gourouni, du Mossi et vers le bas Niger, du Gando, du Gourma, etc. Lks populations un Soudan, lkuk histoire. — L’histoire du Soudan occidental est celle de la lutte des races nègres ou soudanaises avec les races plus civilisées du Nord ; du n e au xx e siècle de notre ère, cette lutte s’est poursuivie pour aboutir à la subordination des nègres. Ceux-ci sont les plus anciens occupants connus du sol. Les principaux groupes sont : 1° les Ouolofs qui occupent en Sénégambie le Cayor, le Oualo (au S. du bas Sénégal) et le Djolof (entre ces pays et le Seloum). lis ont autrefois possédé le Dimar et le Toro, mais ont été refoulés au S. parles Maures ; l’invasion islamique a entraîné leur décadence politique et intellectuelle. — 2° Les Sérères, d’un groupe voisin des Ouolofs, mais depuis longtemps séparés, occupent le Saloum et le Baolet sont demeurés fétichistes.

— 3° Les Mandé ou Mandingues sont la grande race nègre du Soudan occidental ; ils ont leurs centres principaux au Ouassoulou, au Ouaghadougou, dans le Kaarta et le Bakhounou ; des groupements locaux ont tour à tour formé parmi eux les Etats de Ghana, de Mali, de Sousou, de Bambara, successivement désagrégés ; en dernier lieu ceux de Samory et Tiéba. Les Mandé se trouvent associés aux Soninké dans les pays du moyen Niger aux premiers siècles de l’ère chrétienne ; ils jouent un rôle considérable dans le premier royaume sonrhai (V. ce mot) ; après la conquête berbère, les Mandé, convertis à l’islamisme, réagissent et se substituent aux Sanhadja (V. ce mot). Au xiii siècle et au xiv e leur royaume de Mali s’étend par des conquêtes successives de l’Atlantique et de l’Adrar au delà du coude du Niger. Les Touareg et les Sonrhaï leur enlèvent les pays du moyen Niger, Timbouctou, Gogo, puis la région à l’O. du fleuve (Oualata, Bakhounou) ; vers le milieu du xvi e siècle disparaît le royaume de Mali ; mais le peuple nouveau des Bambara descend le long du Niger ; parti du Ouassoulou, il s’établit à Ségou, y fonde vers 1650 un nouveau royaume qui vers 1810 s’étendait sur le Kaarta, le Macina et tout le cours du Niger, depuis le Manding (au S. de Bammako) jusqu’au lac Debo. Il fut conquis au xix° siècle par les Peuls. Actuellement, les Mandé sont répartis en trois fractions principales : Malinké, ayant pour tenné (c.-à-d. totem) l’hippopotame , Bammana ou Bambara ayant pour tenné le caïman et hostiles à l’islam ; Soninké, Serakoulé ou Saracolets, musulmans de longue date ; — ajoutez les Sousou, aujourd’hui dispersés, les Dioula , fraction musulmane très commerçante, et plusieurs tribus métissées. Dans leur ensemble, les Mandé peuplent les pays du haut Sénégal jusqu’à Bakel, de la Gambie, de la Guinée française (excepté le Fouta-Djallon, du haut Niger et du moyen Niger jusqu’à Dienné, le S. du Macina, le Kénédougou ; ils sont aussi répandus par îlots dans tout le reste du Soudan occidental. — 4° Les Mossi ou Moro qui depuis le xiv e siècle occupent, semble-t-il, le pays où ils sont encore cantonnés, au centre de la boucle du Niger. C’est un fait remarquable, les autres’peuples nègres ayant été plusieurs fois déplacés et d’une manière générale refoulés’del’E. et du N. vers le littoral. Les Mossi demeurés fétichistes en majorité ont adopté plusieurs des mœurs touareg ; ils ont pour souverain unique le Naba de Ouaghadougou ; les pays voisins, Yatenga et Gourouni, en sont plus ou moins vassaux et sont peuplés de Mossi auxquels s’ajoutent deux autres races nègres, les Tomba à l’E, et au N., les Bobo