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SIGILLOGRAPHIE

sont généralement représentés sous un type (tig. 11) correspondant au type de majesté des sceaux royaux : l’évèque bénit de la main droite et tient la crosse de la main gauche. L’un dos plus anciens sceaux épiscopaux est celui de Roricon, évéque de Laon (961) — Tous les autres offices du clergé séculier ont des sceaux, dans lesquels prédominent le type hagiographique et le type héraldique : officialités diocésaines, vicariats, chapitres, etc. Sceaux des Universités. Les universités avaient un grand nombre de sceaux différents : sceau rectoral (tig. 14), sceaux des Facultés, sceaux des « nations », sceaux des collèges. En outre, chaque membre de l’Université avait souvent son sceau individuel. Le grand sceau de l’Université de Paris représente deux professeurs en chaire, dans les deux compartiments du milieu, des écoliers, au-dessous de ces compartiments, la Vierge et l’enfant Jésus, dans le dais supérieur, ayant, à sa droite, un évèque mitre et crosse, et à sa gauche, un saint nimbé et tenant une palme et un livre (lig. 14). Le sceau de la Faculté des Arts représente, sous trois dais en ogive, la Vierge et l’enfant Jésus, entourés des écussons des quatre nations dont la Faculté était formée (France, Normandie, Picardie, Allemagne).

Sceaux du clergé régulier. Les abbayes représentent sur leurs sceaux leurs abbés assis avec la crosse et un livre, la tète nue, jusqu’au xiu e siècle (tig. 16), ensuite debout, mitres et bénissant, depuis le xiv c siècle. Il y a des sceaux pour chacun des différents offices claustraux (chambrier, chantre, sous-chantre, doyen, grénetier, hôtelier, officiai, grand prieur, etc.), et pour toutes les charges administratives rattachées aux abbayes (prieurs, sous-prieurs, prévôts, rentiers, sacristains, sergents, trésoriers, vicaires, etc.). — Ordres militaires et religieux. Le sceau des Hospitaliers représente le grand maître agenouillé devant une croix plantée sur le crâne d’Adam et placée entre l’A et l’û. Il y avait aussi des sceaux particuliers pour les commanderies et préceptoreries que les Templiers et les Hospitaliers avaient en Europe.

— Hôpitaux et maladreries. On possède les sceaux des Fig. 15. — Sceau en or de Ferdinand III, empereur d’Allemagne (1654).

établissements de ce genre à Arras, Cambrai, Corbeil, Noyon, Reims, Rouen, etc. Le sceau de l’hospice du mont Saint-Bernard représente saint Nicolas et saint Bernard de Menthon, tenant le diable enchainé par le cou (Mëm. de la Soc. de sphragistique, t. IV, p. 89). ANGLETERRE. — De tous les pays étrangers, l’Angleterre est celui ou les sceaux ont pris le plus de développement. Le sceau royal, dont le type présente une histoire analogue à celle du sceau royal en France, atteint une grande richesse d’ornementation au xiv e siècle. Le roi est placé sous un dais ogival de grandes dimensions et entouré d’autres niches plus petites, dont le nombre augmente jusqu’au xv° siècle. Dans le sceau de Henri V, le nombre des ligures qui accompagnent le roi est de plus de quinze. Sous Henri VIII, le type gothique est remplacé par le type de la Renaissance (V. fig. de l’art. Bulle, t. VIII, p. 413). Le type équestre était aussi en usage, comme dans le sceau de Charles II (V. fig. de l’art. Charles H, t. X, p. 693). Le type naval est fréquent dans les sceaux administratifs, par exemple dans le sceau de l’amirauté d’Angleterre, qui représente une nef gréée et à voile armoriée. Parmi les sceaux de villes, l’un des plus intéressants est celui de Rochester, qui représente son donjon du xi e siècle.

ALLEMAGNE. — Les sceaux impériaux offrent également le type de majesté, depuis le moyen âge (V. fig. de l’art. Bulle, t. VIII, p. 415) jusqu’aux temps modernes (fig. 15). On rencontre aussi différents spécimens du type monumental (V. t. VIII, p. 415), du type topographique représentant le plan de la ville de Messine, etc. Pour les sceaux seigneuriaux et locaux, il y a une beaucoup plus grande variété en Allemagne qu’en France. Le sceau des juifs existait en Allemagne dès le xm e siècle (V. Hohenlohe-Waldenburg, Splirag. Aphorism.,f. XXIV et p. 99).

ITALIE. — Il y a également en Italie une grande variété de sceaux. Celui de la république de Venise représente le doge et saint Marc tenant la bannière de la république. III. Forme. — La forme ronde ou la forme ovale prédominent dans les empreintes des sceaux. Les sceaux royaux et impériaux sont presque toujours complètement ronds. La forme ovale ou ogivale, qui ne devient fréquente qu’au xu e siècle seulement, est presque constante dans les sceaux ecclésiastiques (fig. 11 et 16) depuis le xm e jusqu’au xvi e siècle. Les autres formes sont exceptionnelles en France et ne se rencontrent d’une façon courante qu’en Allemagne (sceaux en forme d’écussons, de cœurs, de triangles, de rosaces, de carrés, etc.). Le sceau de Rodolphe de Habsbourg est en forme de poire (1240). La cour du duc de Lorraine a un sceau en forme de triangle équilatéral (1319). Les sceaux carrés, qui étaient en usage dans l’antiquité, sont très rares au moyen âge et, quand on les employait, on les dirigeait avec la pointe en bas, ce qui leur donnait l’aspect de losanges, comme dans le sceau des seigneurs de Lunel (1242) et celui de la ville de Dunwich (xm e siècle). Les dimensions des sceaux étaient très variables. Très petits sous les Mérovingiens, les sceaux royaux augmentent graduellement de volume et atteignent 100 millim. au xiv e siècle. En Angleterre, ces proportions sont dépassées dans les sceaux de la reine Elisabeth (145 millim. ) et de la reine Anne (177 millim.). Le plus petit sceau connu n’a qu’un diamètre de 23 millim. (Hugues de Montfort, 1337). Au dos du sceau, se trouve le contresceau (V. cet art., t. XII, l’art. Lis, t. XXII, p. 319, et fig. 9 du présent article).

IV. Matière. — La cire a été la matière la plus généralement employée pour les sceaux du moyen âge. La cire vierge était rarement à l’état complètement pur. On la mélangeait de poix blanche, de graisse, d’huile de lin et de térébenthine, suivant diverses proportions, conservées dans quelques recettes qui nous sont parvenues. A partir du xi e siècle, on recouvrait l’empreinte de cire d’un ver-" nis qui devenait très dur et qui empêchait la cire de s’effriter trop rapidement. La cire d’Espagne ou cire à cacheter, dont la recette fut rapportée de l’Inde par les marchands hollandais, au milieu du xvi e siècle, commença à être mise en usage dans les Pays-Bas, d’abord pour fermer les lettres, puis pour recevoir les empreintes des sceaux et des cachets. Le plus ancien document où elle est employée est de 1553. — Le plomb a été employé comme matière des sceaux dès l’antiquité. Il a été exclusivement en usage dans la chancellerie pontificale jusqu’au xiv e siècle (V. l’art. Bulle, t. VIII, pp. 412-414). On le trouve surtout dans les régions méridionales de l’Europe