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POMME

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vaise qualité au point de vue culinaire ; il est prudent de les appliquer à la récolte précédant les pommes de terre. Variétés. — Le nombre des variétés s’est accru faci- lement grâce à la puissance de variabilité du S. tubero- sum ; Engel en citait 40 en 1777 et de Chancey 60 en 1788 ; la liste de Parmentier était un peu plus complète ; la collection de la Société d’agriculture ne comprenait pas moins de 177 variétés en 1846 ; aujourd’hui le nombre des variétés cataloguées dépasse plus d’un millier et il augmente de jour en jour ; les semis, en effet, se multi- plient en Allemagne (variétés industrielles), eu Angleterre (variétés alimentaires), aux Etats-Unis (variétés alimen- taires et fourragères), en France (variétés alimentaires et industrielles), etc. ; quelques-uns ont donné d’excellents résultats. Au point de vue économique, nous pouvons ran- ger les variétés en deux catégories :

I. Variétés potagères. On doit accorder la préférence aux variétés donnant des tubercules de grosseur moyenne et régulière, à pelure fine et à yeux superficiels, ayant une chair à grain fin, farineuse et non aqueuse, d’un goût agréable et cuisant bien, enfin productive et résis- tante à la maladie. Sous le rapport de la précocité, on pourrait classer les variétés potagères en variétés très hâtives (jaunes longues), variétés hâtives (jaunes rondes et roses longues) et variétés tardives (jaunes longues) ; les premières ont généralement un faible appareil foliacé et donnent des rendements moindres que les autres qui séjournent plus longtemps en terre ; elles sont aussi, pour la plupart, moins résistantes aux attaques du Phytoph- tora ; le producteur doit aussi tenir grand compte dans le choix de ses variétés du goût du consommateur : le mar- ché anglais n’accepte guère que les tubercules à chair pâle ; chez nous, au contraire, on préfère les tubercules à chair jaune.

II. Variétés de grande culture (industrielles et four- ragères). Elles doivent être à grand rendement, donner des tubercules bien nets, sans yeux profonds, faciles à nettoyer, riches en fécule si la production doit être livrée à la féculerie ou à la distillerie, et à teneur élevée en matières protéiques si elle est destinée à l’alimentation du bétail ; la résistance à la maladie, l’aptitude à la conser- vation, le mode de végétation (préférer les variétés à ra- cines courtes faciles à arracher) et l’époque de la matu- ration doivent encore être pris en considération ; il est toujours prudent de planter des variétés mûrissant à des époques différentes. On ne peut, dans la pratique, être fixé sur le choix des variétés les plus convenables dans une situation donnée que par des expériences poursuivies pendant plusieurs années ; les recherches doivent d’abord porter sur la détermination du mode de plantation (écar- tement el profondeur) à préférer pour chaque variété étudiée, puis on prend comme éléments d’appréciation le rendement en poids et la teneur en fécule.

Multiplication. — Elle peut se faire : 1° par semis : ce procédé n’est applicable que pour la création de nou- velles variétés ; il exige, en effet, une grande expérience, des connaissances spéciales et des ressources que l’on chercherait en vain chez la plupart des agriculteurs ; il ne donne aussi de résultats certains qu’au bout de longues années ; 2° par greffage et par bouturage (œilletons) : ces procédés n’ont pas encore donné de résultats appré- ciables ; ils ont été surtout essayés en Allemagne ; 3° par repiquage de tubercules (mères) : ce procédé est le seul recommandable dans la culture courante. Son application doit être précédée du choix méthodique des plants. A chaque tubercule appartiennent des qualités qui se repro- duisent dans ses descendants : tout tubercule provenant d’un plant à grand rendement produit généralement une récolte abondante, et un tubercule riche en fécule, une récolte riche en cette matière. On s’attachera aux carac- tères suivants :

I. Caractères extérieurs : 1° Forme : elle doit être absolument irréprochable et conforme au type de la va-

riété ; 2° Volume et poids : ces deux facteurs ont une grande influence dans les rendements ; les petits tuber- cules ont une forte puissance productive, mais leur faible poids s’oppose presque toujours à ce que cette producti- vité aboutisse à un rendement élevé sur une surface donnée, aussi ne peut-on les planter utilement qu’en les réunis- sant au nombre de deux ou trois dans chaque poquet. De nombreux essais démontrent la supériorité des moyens, et, encore plus, des gros tubercules, tant pour la richesse en fécule que pour les rendements en poids, mais, comme la différence est, en réalité, peu sensible entre ces deux catégories de plants, on donne, en général, la préférence aux tubercules de poids moyen, 80 a 120 gr. pour les variétés à grand rendement, 50 à 80 gr. pour celles à rendement moyen (A. Girard) ; il importe d’obtenir des plants de poids bien uniforme. Certains cultivateurs frag- mentent parfois leurs semences, mais à tort, car cette pra- tique aboutit généralement à une diminution considérable de la récolte, d’autant plus que les plants peuvent être envahis par des bacilles qui occasionnent leur pourriture : avec certaines variétés à chair délicate, et en année humide, on aboutit quelquefois à de véritables désastres ; on ne doit fragmenter que si l’on veut multiplier de nouvelles varié- tés dont les plants sont très couteux, et on fait l’opération quelque temps avant la plantation afin de permettre à la plaie de se cicatriser par subérisation.

II. Caractères chimiques. Les différents tubercules d’une même touffe présentent une teneur en fécule variable dans de grandes limites, mais cette teneur reste cepen- dant un caractère héréditaire ; un tubercule riche donne généralement une moyenne de richesse, pour la touffe, su périeure ; on devrait tenir grand compte de ce fait dans la production de la pomme de terre industrielle. Le sélec- tionneur peut agir par voie chimique, mais le cultivateur doit opérer de façon plus rapide. Deux procédés sont à sa disposition : le premier procédé a été indiqué par A. Gi- rard, qui a démontré que, pour une variété donnée, il existe une relation presque constante entre la vigueur des touffes et les rendements, et que les tubercules issus de pieds vigoureux produisent plus que ceux provenant de touffes grêles ; dans la pratique, on marquera, à l’aide de baguettes, au moment ou les plantes sont en pleine végétation (juillet ou août), les touffes vigoureuses si elles sont l’exception et les touffes grêles dans le cas con- traire. La récolte se fera séparément. Le second procédé consiste dans la prise de densité des plants (la teneur en fécule est en relation étroite avec la densité des tuber- cules) par leur immersion dans des bains salins (sel ma- rin, nitrate de soude, etc.) préparés à l’avance au titre convenable. Il faut opérer de bonne heure et sur des lots assez importants : les plants sont ensuite conservés dans un endroit bien sec et à température peu élevée, de façon à retarder leur germination au printemps. La pratique de la germination partielle faite en plaçant les tubercules, debout sur leur ombilic, dans de petites caisses de 10 cen- tim. au plus de profondeur, que l’on expose bien a la lumière est recommandable. surtout pour la production des variétés de primeur et pour celle des variétés tar- dives à grand rendement. Le sulfatage des plants, préco- nisé par certains auteurs, est inutile ; l’étuvage à 45-46° comme traitement préventif contre la maladie semble donner de bons résultats, et même, dans certains cas, hâter la levée (Jensen), mais son exécution est assez dé- licate.

Plantation. — Son époque doit varier avec le climat et aussi avec la variété ; les variétés industrielles sont pour la plupart assez, tardives et leur levée est lente, aussi doit-on les planter de bonne heure. On commence dès que les fortes gelées ne sont plus à craindre, c.-à-d. sous le climat de Paris, vers le 20 mars, de façon à termi- ner l’opération du 15 au 20 avril : dans le Centre, on commence vers le 15 mars, et dans le Midi plus tôt en- core. La plantation se fait en poquets et à intervalles bien